Les rencontres littéraires

Les rencontres directes avec le public sont le fondement de la diffusion d'un livre. Depuis quelques années, les médias relayent à l'envi les ouvrages édités par les "grandes maisons", les livres écrits par les gens dont le renom, l'activité, les relations ou les actes sont autant de passerelles pour doper les ventes. Les articles dithyrambiques et complaisants visent à orienter le lecteur vers les produits formatés censés répondre aux attentes du public.
Aussi me suis-je muni du bâton de pèlerin pour aller au-devant de ce public afin de lui apporter un récit authentique validé par le legs familial, l'environnement historique, la réflexion et l'analyse des faits vécus ou subis.
La foi en son talent d'écriture, la constance dans l'énergie et l'écoute ouverte font de ce périple une odyssée vers l'or : l'or de l'écriture souveraine, du récit passionnant et tonique, de la révélation réaliste. Des lecteurs en témoignent : "Il ressort de votre livre une curiosité et une volonté de faire et d'agir quelles que soient les circonstances" ; "les rencontres et les lieux sont tellement bien vus qu'on est saisi par leur réalisme et la justesse des échanges" ; "vous témoignez d'une époque dont on ne savait pas qu'elle serait le summum de la volonté d'apprendre, de l'ouverture et du vivre ensemble".


1- Rencontre-dédicace à la librairie Martin-Delbert à Agen

Au cœur de la ville, la librairie offre un espace rêvé pour un public confiant, fidèle et curieux. La notoriété du lieu est due à la vision de ses animateurs Frédéric et Léa qui ont une démarche volontariste et sans cesse innovante.

Ce public, je l'ai rencontré au cours de quatre heures de pur bonheur.  
Totalement inconnu, publié par un éditeur n'ayant pas "opinion sur rue", j'ai eu la surprise et le grand plaisir de partager certains territoires, certains vécus, certaines impressions avec mes visiteurs.
Chaque fois est apparu un lien particulier, porteur de questions et révélateur du désir de découvrir une destinée. Avec ses  dépendances, ses contraintes, ses incertitudes, ses dénouements.
"Une autobiographie ne doit rien à la mode. On n'y cherche que la vérité humaine". Cette citation d'Anatole France élimine les aveux de circonstance, les récits opportuns du JE écrits par un ou une autre, les révélations d'agissements
délictueux, les vantardises provocatrices.

Les photos (triées) sont accompagnées de leur légende in situ.






- J'ai vécu moi aussi à Ouargla et la couverture du livre me rappelle la fameuse Porte du sud.
- Exact et c'est dans le bâtiment de la Poste que nous logions car ma mère y travaillait. Mon père, lui, était méhariste et partait sur les pistes durant plusieurs mois.                                                 







- Nous sommes venus en toute confiance dans le choix de notre libraire. Nous avons lu sa présentation...
[A travers une vie de nomade qui débute par une enfance saharienne, se poursuit en France et le conduit au Moyen-Orient, en Afrique noire, en Amérique latine, l'auteur est confronté très tôt à la différence. Volonté et circonstances
vont l'amener à découvrir et surtout à comprendre les cultures et les traditions. Ne rien forcer, ne rien jeter mais admettre.]
- Il y a dans cette période qui va de 1957 à 1987 (avec une incursion dans le Liban de 1926) le récit non linéaire des existences familiales soumises aux événements historiques...
 - C'est ce qui nous motive, cette vie riche et accomplie que vous avez eue.
 - Et encore, il ne s'agit que du tome un !



2- Rencontre-dédicace à la librairie Livresse à Villeneuve/Lot


La librairie Livresse a redonné le goût de la lecture et des rencontres avec les auteurs à la population villeneuvoise. Située en vis-à-vis de la façade latérale de l'église Sainte Catherine, en plein cœur de ville, elle offre un espace concentré mais convivial aux curieux qui viennent y chercher matière à découverte ou confir-mation.

Ce samedi après-midi, faut-il voir dans l'affichage du thermomètre à 38° C une sorte de complicité climatique avec les lieux de mon livre - Sahara, Afrique noire, Liban - et dans la pure lumière de la rue sa diffusion éclairante ?

Les clients locaux et de passage étaient au rendez-vous. Et là, une question me vient à l'esprit : était-ce pour l'ambiance climatisée de la librairie ? Je joue mon joker.
En fait, j'ai pu échanger avec des personnes érudites qui ont été curieuses, intriguées, captivées par le récit imagé des pérégrinations familiales.



Dialogues divers : 
- Le titre nous a intrigués... c'est ce qui nous attire, et peut-être plus, on verra...
- En fait, je ne suis jamais allé à Corinthe. J'ai pris à mon compte en la détournant la sentence d'Erasme, vous savez l'auteur de l'Eloge de la folie... Il avait remis au goût du jour l'adage des Grecs qui était "Il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe". En effet, dans l'Antiquité, l'accès au port de Corinthe était réputé périlleux et très difficile. Seuls les plus adroits ou aguerris y arrivaient. En prônant l'inverse de ce dicton, j'estime que j'ai réussi ce que j'ai entrepris.
- Un peu comme avait dit Plutarque : "Il n'y a pas de honte à ne pouvoir tout faire mais promettre plus qu'on ne peut est honteux".


- Moi qui ai lu en quelque sorte le résumé en 4e de couverture, j'ai trouvé l'expression de la tolérance et la part dont vous vous sentez redevable envers vos aïeuls.
- Oui. Les souvenirs sont la pertinence de la mémoire et la mémoire répond aux questions simples : que s'est-il passé ? comment ? pourquoi ? et moi, qu'ai-je accompli ?
- Mais il faut posséder une sacrée mémoire ! Comment avez-vous fait pour arriver à rassembler autant de souvenirs et d'anecdotes surtout relatives à votre père qui était méhariste au Sahara ?
- Pour ma part, les événements ont imposé les situations et provoqué les opportunités. Et tout cela est passé par le filtre de l'affectivité, du doute et de la classification des faits. S'agissant de mon père, j'ai pu l'inciter à parler pour qu'il décrive les années que lui et ma mère avaient vécues. Il a pu ainsi combler les trous que j'avais dans la chronologie des événements, compléter leur survenance et les circonstances...
- Mais ce qu'il y a d'extraordinaire (j'ai lu un passage en attendant mon tour), c'est que vous situez l'épopée dans les contextes historiques successifs dont vos parents et vous-même avez été les acteurs ou les témoins.
- Nous sommes tous, à des degrés divers, concernés, impliqués, plongés dans le maelström de l'Histoire avec un H majuscule. Et nous sommes aujourd'hui les citoyens d'un pays qui a fondé sa légitimité sur les actes de nos ancêtres. Il ne nous appartient ni de les juger à l'aune des modes et des circonstances contemporaines, ni de les humilier par la négation de leurs sacrifices.

3- Salon du livre de Cambo 2018 - Arnaga


Dans le cadre du couplage des Journées européennes du Patrimoine et des Commémorations nationales Edmond Rostand - 150e anniversaire de la naissance du poète et dramaturge et 100e anniversaire de sa mort -, la ville de Cambo a organisé le premier salon du livre sous l'égide de Mme de Margerie, ancienne conseillère pour les Affaires européennes et auteur d'une biographie d'Edmond Rostand qui fait autorité.

C'est dans les superbes jardins à la française et à l'anglaise que s'est tenue cette édition. Venir dans le sanctuaire de l'auteur de "Cyrano de Bergerac" et de "Chantecler" pour présenter mon ouvrage m'a procuré un bien-être partagé avec le public et une fierté égoïste.

Le matin, présence de visiteurs en majorité 
intéressés par les livres. Les promeneurs de l'après-midi ont fait le détour par l'immense vélum pour parler avec moi transmission de patrimoine puisque mon récit se veut héritage et se narre legs. J'ai longuement conversé avec plusieurs personnes dont l'intérêt pour mon livre réside dans son côté historique :
- Quelle intéressante remise en place vous faites du rôle des Français au Sahara et de celui de votre grand-père qui est tout de même à l'origine de la création de la future armée du Liban.
- Cela, je ne l'ai appris que très tardivement quand mon père un jour, en 2011, a exhumé deux grands cahiers à la couverture rigide noire : les carnets de campagne de son père écrits à la plume...
- C'est extraordinaire de tenir entre ses mains un tel document historique.
- Absolument et je me suis régalé à les lire et aussi, surtout dans le deuxième carnet, à regarder toute une collection de photos en noir et blanc de tout petit format, aux bords dentelés... Je vois bien celle où, assis sur un rocher, il est en train de remplir son journal de marche et d'opérations. Ou celle qui montre sa 1re compagnie de Chasseurs arpentant les crêtes pour fondre ensuite sur un village tenu par les Druzes.
- Et votre mère comme receveuse des Postes en Sahara... confier un tel travail à une femme dans les années cinquante !
- J'ai toujours connu ma mère travaillant, même lorsque nous sommes revenus à Bayonne. Cela ne l'empêchait pas de tenir la maison, de s'occuper de ma scolarité, de me faire travailler la musique, de sortir et d'être invitée à des soirées avec mon père...



Avec Alexandre de la Cerda
Dialogues divers :
- Ce devoir de mémoire que vous avez entrepris, il faut que moi aussi je le fasse. Il ne me reste plus qu'un oncle et, lui disparu, c'est tout un pan de l'histoire familiale qui va être perdu à jamais.
- Depuis une vingtaine d'années, nos dirigeants, nos élus n'ont de cesse que de parler de repentance. Mais ils omettent délibérément tout ce que les Français et les Européens avec eux - car il y a eu de nombreux Espagnols et Italiens - ont accompli pour faire prospérer le territoire. L'exemple de la Mitidja est symptomatique : d'une plaine majoritairement marécageuse, les colons aidés des Algériens en ont fait un fabuleux verger en plus de la vigne qui en couvrait la moitié.

- Oui, j'ai connu ça. Mon père était dans le génie. Il a participé à la construction de ponts, routes, voies ferrées.

- Mes autres frères et sœurs, ça ne les intéresse pas de savoir d'où l'on vient, ce qu'ont fait les anciens... Il faut dire aussi que notre grand-père n'a jamais voulu parler des tranchées en 14, ni mon père de la guerre d'Algérie où il était appelé... Alors, comment avez-vous fait ?
- Pour résumer, remise par mon père (car il était très ordon-né) de quatre boîtes-archives de documents, de papiers officiels, de cartes d'opérations, de photos privées et de photos militaires, d'extraits d'articles de journaux, puis tri chronologique, compilation thématique, reconstitution après sollicitation de l'aide orale de mon père. Bref, deux ans de travail plus une année d'écriture... pour ce premier volume.

- Vous avez passé plus de vingt ans à l'étranger, vous ne vous êtes pas senti un peu apatride ?
- Non, seulement nomade et héritier de ce nomadisme. Et cela m'a appris à comprendre, à ne rien rejeter et à admettre.

4- Salon du livre de Lempzours

Volontairement limité à 40 auteurs par l'organisatrice Mme Chassein, ce salon est bien ancré dans le Périgord vert.
Lempzours : 150 habitants et déjà la 11e édition autour du livre. A voir la configuration, on aurait pu penser que cette manifestation serait à vocation régionaliste. Mais le parti-pris d'ouverture aux auteurs hors les murs dénote la curiosité et l'oecuménisme qui en font un lieu convivial.

Du lieu au lien , il n'y a qu'une lettre qui change. Lien avec le public fier de l'image donnée par son village et ravi de pouvoir parler avec des "gens simples qui savent écrire et raconter".




En référence à l'oecumé-nisme, je glisse juste quelques mots sur l'église romane du XIIe siècle fondée par les templiers. Son dôme d'origine (encore visible à l'intérieur) a disparu et a été remplacé par une tour carrée dominée par la croix des Templiers.

L'étonnement est toujours grand lorsque je parle du nomadisme familial qui est étroitement lié aux événements historiques vécus. Notamment l'aventure de mon grand-père paternel au Liban en 1926, 
la campagne de mon père au Fezzan et les combats meurtriers le long de la ligne Morice, dans la région de Soukiès. Et, pour moi, la remontée du fleuve Ogooué au Gabon et la révolution iranienne.
Il ressort des discussions avec les lecteurs un mélange d'incrédulité et de (presque) admiration devant ce récit dont ils ont un des protagonistes et narrateur en face d'eux.

Echanges :
- Avec mon épouse et nos enfants, nous avons fait le tour du monde et ainsi nous avons visité des pays aussi divers que l'Australie, la côte ouest des Etats-Unis, la Colombie britannique et des sites remarquables. Cela a duré huit mois. Mais la vision et les témoignages que vous pouvez donner des pays où vous avez vécu vont au-delà d'un simple périple aussi long fût-il.
- Il est vrai que de telles immersions tiennent lieu de caractéristique familiale. Et cela a dû contribuer à mes comportements ultérieurs : curiosité, choix de vie, entourage.


- Vous avez dû faire un gros travail pour arriver à raconter tout ça, votre père, votre grand-père, leur vie... Mais c'est romancé, non ?
- Du temps ? entre réunir et trier les photos, les situer chronologiquement (car beaucoup ne sont pas formelle-ment datées), reporter les propos recueillis du vivant de mon père et écrire, cela m'a pris 3 ans. Tout ce que je raconte est vrai, mais je le rends accessible et vivant. Il s'agit d'intéresser le lecteur, qu'il ne s'ennuie pas avec les histoires d'une famille qu'il ne connaît pas.
- Je vais m'en assurer. En tout cas, votre livre sert aussi à comprendre l'influence de certains événements historiques.
[Des personnes n'ont pas souhaité apparaître sur un site à usage public. Aussi, afin de respecter leur choix et de néanmoins les associer anonymement, je figure seul dans un face-à-face virtuel]. Peut-être un jour ce seront des hologrammes qui se déplaceront sur les salons et dédicaceront des tablettes !

En attendant, les relations in situ ont été fabuleuses, qu'elles fussent avec les lecteurs et lectrices ou avec les autres écrivains/vaines.
Je salue l'énorme travail et l'engagement des bénévoles, présents de l'aube au soir (tardif) afin d'entourer et de guider les auteurs, d'accueillir et d'assister les invités de marque et les visiteurs dans la journée.

5- La Nuit de la lecture - Bayonne

La Nuit de la lecture est un événement mondial et elle requiert les bibliothèques, les librairies, les maisons d'édition, les auteurs pour accueillir toutes celles et ceux qui ont l'envie de lire et de partager la lecture.
Ce samedi 19 janvier 2019, la médiathèque de la ville de Bayonne convie cinq auteurs locaux pour créer l'échange autour d'ouvra-ges qui ne bénéficient pas du circuit habituel des librairies. Il est vrai que la production des maisons d'édition "classiques" accapare les libraires, tant en volume(s) qu'en gestion des ventes.

L'initiative d'Isabelle Blin, conservatrice, mise en oeuvre par Adrien Charbeau, est donc remarquable et louable. La démarche inter-active qui est proposée me convient : atteindre et rencontrer un large public, essayer de le saisir dans son ensemble et de l'interpeller dans sa singularité, faire appel à l'instant et au vécu. La réaction enthousiaste et chaleureuse de l'auditoire attentif envers ce face-à-face dynamique montre que le concept est attrayant.

Partant de cette phrase d'Anatole France "Une autobiographie ne doit rien à la mode, on n'y cherche que la vérité humaine", j'ai pu captiver l'assistance avec la lecture de passages signifiants pour lui, des clichés inédits de la vie d'une famille nomade attachée à sa ville natale de Bayonne et qui a participé activement aux événements historiques du XXe siècle : les première et deuxième guerres mondiales, les campagnes du Liban et la création de l'armée libanaise, les événements d'Algérie, le voyage prémonitoire de De Gaulle au Sahara, le retour de Khomeiny en Iran, les soubresauts révolutionnaires au Guatemala, les convulsions popu-laires au Nigeria...


Dans les 20 minutes qui me sont imparties, je projette des planches ciblées sur notre vie quotidienne à Ouargla dans les années 50, les missions de mon père à travers le grand erg oriental, les attentes parfois fébriles de ma mère que la responsabilité du bureau de poste occupe au-delà du raisonnable, le Journal de campagne de mon grand-père au Liban en 1926.


Question :
- La lecture de votre livre m'a à la fois passionnée et bouleversée. Votre vie aventureuse avec vos parents et ensuite votre vie professionnelle montrent que la narration d'une saga familiale relève d'un exercice altruiste et introspectif. Dans cette sorte d'état d'esprit, comment concevez-vous l'écriture ?
- Cette écriture a été une délivrance. Car, en amont, il y a eu mes interrogations et mes doutes, les intrusions et les reculs. Et aussi les vides, les omissions, les hésitations dans les récits de mon père.

Question :
- Moi aussi, j'ai lu votre livre et j'ai ressenti un énorme plaisir. Je retrouve bien, avec vos illustrations, les descriptions des lieux et des atmosphères. Les personnages sont uniquement perçus par leur caractère et leurs actes, c'est ce qui fait du récit un tableau vivant et familier. Vous vous êtes arrêté en 1987. Y a-t-il une suite prévue ?
- Oui, et je peux annoncer d'ores et déjà que le deuxième tome est chez l'éditeur. Sa parution devrait se situer dans le courant du deuxième trimestre.


Commentaire de fin : "Ce qui ressort de mon livre, c'est la
vie de personnes ordinaires qui évoluent dans l'histoire et y apportent leur contribution : mon grand-père paternel blessé et gazé en 14-18 puis créant la 1re compagnie de Chasseur libanais ; mon père engagé dans le Corps franc Pommiès (39-45) puis méhariste au Sahara ; mon grand-oncle qui a fait la guerre d'Indo-chine, évadé des prisons viêt-minh. En tant que dénominateur commun de cette saga, j'ai continué avec mon parcours.
Mon écriture vise à intéresser les lectrices et les lecteurs, c'est-à-dire vous, indépendamment de la connaissance de ma famille".


J'ai suggéré aux organisateurs d'associer les libraires de Bayonne, puisque cette Nuit de la lecture est un événement qui les concerne, avec un focus sur les auteurs présentés en disposant dans leur vitrine l'ouvrage d'un ou d'une des invité(e)s dans le cadre d'une semaine qui pourrait être identifiée sous le thème : "CONFLUENCE REGIONALE DES ECRITS".

6- Salon du livre de Navarrenx

Les remparts érigés sous le règne d'Henri II de Navarre (grand-père d'Henri IV), qui font de Navarrenx, bien avant les constructions de Vauban, la première ville bastionnée du Royaume de France, accueillent libraires, maisons d'édition locales, auteurs, associations et visiteurs pour deux journées placées sous l'égide de l'Association Terres de Livres.



L'entrée par la porte Saint-Antoine me rappelle que cette ville est une étape sur le chemin de Saint Jacques de Compos-telle, sur la voie du Puy. Ce sont environ 60 participants qui animent les trois vastes halls de la mairie, devenue pour 48 heures la maison du peuple qui découvre, écoute, lit. Dehors, sur la place, se tient parallèlement la Foire agricole qui expose des machines et des tracteurs anciens. Et il y aura un échange incessant de public entre ces deux mondes qu'unit aujourd'hui le radical "culture".


C'est avec grand plaisir que je retrouve mes amis Arminda Fernandes et Gilles Gourgousse avec lesquels nous formons le trio d'écrivains itinérants de la Côte basque. Et nous battons sérieusement en brèche cette phrase pourtant tellement authentique de Maurice Chaplan : "un écrivain ne lit pas ses confrères, il les surveille".
Nous échangeons sur les attitudes parfois un peu déroutantes de certains chalands : tantôt distants ou méfiants envers ces auteurs qui leur ressemblent, tantôt exaltés ou déçus par la dernière œuvre d'Untel - qui a eu un prix - et qui nous demandent notre avis. Mais ils sont heureusement compensés par les curieux, les fouineurs, les avides de lecture.


Est associée à cet événement la troisième édition des Prix des Remparts avec une "remarquable qualité des œuvres soumises au jury" ainsi que l'a déclaré Jean Sarziat dans son compte rendu. C'est Pierre Lecrique qui a officié devant une assistance record. 


Les 3 lauréats : Chrystom, premier prix, entouré de Philippe Saubadine (à g.) et de Thierry Fournet (à d.) classés à égalité pour le 2e Prix. (crédits photos : Jean Sarziat)

Mes mots de remerciements : "je suis à la fois ravi et surpris de voir mon livre ainsi distingué. Surpris car je ne pensais pas que ma saga familiale bénéficierait d'une telle reconnaissance en dehors de mes
proches, de mes amis et de celles et ceux qui me connaissent. Ravi bien sûr parce que je sais que le jury a été séduit par une écriture ample et claire, ainsi que par le contexte historique dont l'envergure et la proximité rendent les personnages véraces". Grâce à ce focus sur mon livre, des lecteurs se sont manifestés, désormais davantage intéressés par un contenu qu'ils ne soupçonnaient pas.

La saga continue. J'ai pu annoncer la parution du tome 2 - LA MARCHE HAUTE - au début du deuxième trimestre 2019. En voici le topo :
"De Paris où il est immergé dans le milieu opérationnel, Ph. Saubadine est muté en Angola, pays toujours secoué par la guerre civile. Rappelé en France pour participer à la réforme en profondeur de la Branche amont du Groupe Elf Aquitaine, il est au cœur d'un conflit social extrêmement violent qui se clôt par la mainmise de Total sur Elf. L'expérience africaine se poursuit au Gabon, puis au Nigeria où le Groupe l'envoie pour gréer les énormes projets pétroliers et gaziers pour les vingt futures années, enfin au Cameroun dans un contexte politique mouvementé. Ce deuxième tome relate l'épopée contemporaine d'une famille prise dans les événements du XXe siècle caractérisé par l'effondrement du bloc communiste, la résurgence des nationalismes, le regain du fait religieux, l'expansion des communautarismes et les profondes mutations technologiques".


7- Biltzar des écrivains du Pays basque - Sare - lundi de Pâques

Le Biltzar (en français : rassemblement) des écrivains du Pays basque est une véritable institution initiée en 1984 par Jean-Michel Garat. Ce sont 150 auteurs, éditeurs, revuistes qui viennent à la rencontre d'un public phénoménal tant par sa fidélité que par sa diversité. Le choix du lundi de Pâques est rien moins qu'anodin dans cette manifestation qui se veut résurgence de la lumière et partage œcuménique de la création littéraire et de la lecture.
L'affiche de cette 36e édition est symbolique de l'émotion et de l'amitié qui entourent ce rassemblement : elle est l'oeuvre du dessinateur et dialoguiste Patrice Rouleau décédé le 22 février dernier.

Dès onze heures, le public se répand en masse dans les travées. Ma première "cliente" est gréco-basque et le titre de mon premier livre qui fait référence à Corinthe suscite sa curiosité :
- Je comprends que vous n'êtes pas allé à Corinthe et que ce titre se veut révélateur de votre parcours. En fait, il y a toujours eu deux sortes de Basques : ceux qui s'expatrient et ceux qui s'enracinent.
- Oui... mais je pense que les générations après les années 1980 recherchent la stabilité et la sécurité au pays, et semblent effrayées par les contraintes géographiques et familiales des séjours durables à l'étranger.
- En tout cas, vous avez vécu pleinement !


Une autre personne a résidé plusieurs années au Gabon. Notre conversation évoque les fortes traditions locales : la cérémonie du bwiti durant laquelle le futur initié atteint le paroxysme de l'esprit par l'ingestion de l'iboga ; la veillée funèbre du défunt, qui dure cinq jours, pendant laquelle la veuve peut être cloîtrée dans un état de dénuement extrême, voire battue :
- Vous savez bien qu'au Gabon, on ne meurt pas, on est tué. Et il faut toujours désigner le coupable.
- J'en parle dans le tome 2 car j'ai assisté à ce genre de veillée. Mais là, l'épouse éplorée était admise à recevoir les condoléances et les pleurs en présence des oncles et frères du mort... et on ne doit jamais venir les mains vides au village.
- Qu'aviez-vous apporté ?
- La classique caisse de Régab.

- Vous vous souvenez ? J'étais venue l'année dernière et je vous avais acheté votre livre à l'issue de l'entretien que vous aviez eu à l'espace-rencontres. 
- Voici la suite, elle vient tout juste d'être éditée. Je continue la saga familiale sur la période 1988-2008 : l'Angola en fin de guerre, le Nigeria et les actes de banditisme, la Cameroun et les émeutes.



- Vous y étiez avec votre famille ?
- Ma femme a été immergée en pleine guerre civile en Angola, elle qui n'avait jamais quitté le quartier St Esprit à Bayonne. Le directeur RH du Groupe m'avait dit : "si ton épouse se fait à ces condi-tions, tu pourras l'emmener partout". Il savait de quoi il parlait puisqu'il y avait séjourné en famille quelques années auparavant. 

- Je vois que vous vous êtes trouvé en pleine guerre - d'un autre genre - entre Elf et Total. Comment ou pourquoi avez-vous été concerné ?
- C'est un peu long à dire comme ça. Il se trouve que j'ai été rappelé en France avant ma fin d'affectation, en réalité j'ai appris la nouvelle en descendant de l'avion qui nous ramenait à Luanda, ma femme et moi, au retour de vacan-ces en Afrique du sud... Mais je vous laisse découvrir cet épisode majeur, en termes de fusion inamicale pour le Groupe et, pour moi, de mission à haut risque dans un contexte de grève très dure et une ambiance d'intimida-tion et de violence physique.



Et premier salon du livre pour K avec son recueil de nouvelles dystopiques en corrélation avec son jeu en ligne. Le succès a été au rendez-vous.

Il est le concepteur et le réalisateur de la couverture de mes
deux volumes.





Fin de la journée, échange avec Gilles Gourgousse et Arminda Fernandes Andiazabal.





8- Les Belles pages - Guéthary

La 4e édition des Belles pages qui se tient dans le village portuaire de la Côte basque a mis l'accent sur la qualité resserrée avec trente neuf auteurs retenus pour ce qui devient désormais "l'événement-phare" des mois de juin.
Dès 10 heures, les visiteurs se pressent dans le périmètre circonscrit au vélum installé sur la place du fronton et à la salle de réunion du conseil de la mairie pour les conférences.
S'agissant de livres sortis en 2009, je suis en mesure de présenter LA MARCHE HAUTE, suite de
IL M'A ETE DONNE D'ALLER A CORINTHE. A peine installé à l'emplacement dédié, j'ai la chance de discuter avec un professeur d'origine grecque dont l'intention est d'offrir mes livres... à son petit-fils âgé de huit ans :


- C'est pour lui donner le goût de la lecture. Il arrive à un âge qui mérite son attention pour la lecture et la littérature.
Je suis flatté que vous lui donniez mes ouvrages en référence. Je prends cela comme un compliment et un honneur.

Une file se forme devant ma table, chaque personne profitant des questions et des commentaires des autres (extraits) :
- Vous parlez d'événements que j'ai moi-même vécus alors que j'étais toute jeune dans l'Oranais avec mes parents. Mon père était instituteur et l'attaque du bus dans lequel se trouvait justement ce couple d'instituteurs dont l'homme a été tué sous les yeux de sa femme les avait bouleversés. Avec ma mère d'ailleurs, nous étions aussitôt rentrées en métropole.


- Je reconnais bien les portes du Sud, j'ai traversé le grand Erg oriental. Mais j'y suis allée bien après votre séjour.

- J'aime bien ce que vous me racontez à propos de la quête de votre identité, suite à votre rencontre en Colombie avec un descendant d'une famille basque.

- Si je comprends bien, vous avez hérité de l'esprit nomade familial. Il est triste que vous n'ayez pas connu votre grand-père qui a vécu au Liban... D'avoir ainsi dans les mains son journal de campagne a dû être extraordinaire.



- D'après votre titre, vous dites que vous n'avez pas échoué. Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Cet adage d'Erasme "il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe" que j'utilise à l'inverse intrigue. A l'époque des Grecs anciens, il était connu que nombre de capi-taines échouaient leur navire sur les dangereux écueils à l'entré du port de Corinthe. Retourner la phrase signifie que j'ai tenté, saisi les opportu-nités et in fine que je n'ai pas échoué.

L'après-midi se clôt avec la visite d'un copain de lycée que je retrouve à cette occasion... quelque cinquante ans après !

9- fête du livre - La Bastide-Clairence

Le lendemain dimanche, direction La Bastide-Clairence, classé parmi les plus beaux villages de France, pour la 13e fête du livre. Trente-trois exposants sont présents : auteurs, éditeurs, revuistes, artisans du livre.
Nous sommes installés sous les profondes arcades qui procurent une fraîcheur bienvenue en cette journée bien ensoleillée et très chaude. Si le nombre de visiteurs est proportionnel aux degrés du thermomètre, nous allons avoir du travail.

Quelques touristes primo-accédants aux vacances d'été viennent s'enquérir de cette manifestation qui leur paraît très conviviale.
N'ayant pas ma reporter-photographe préférée (i.e. mon épouse), je ne dispose que d'un seul cliché, d'ailleurs - et fort heureusement - pris par une des organisatrices.



Je suis en train d'expliquer à mon interlocutrice que mon "pavé" de 790 pages, uniquement pour
le tome 1, équivaut aux écrits du prolixe Ken Follet, à la fois pour l'aspect historique et la narration d'épopées familiales. Sa réaction m'interpelle :
- Vous savez, je me méfie des livres épais que, après ma lecture, j'allégerais d'une bonne centaine de pages...
- Vrai aussi pour moi. Dans mes lectures, il y a des passages entiers dont la valeur ajoutée n'est pas probante : on a l'impression que l'auteur veut à tout prix placer des connaissances particulières, nous emporter dans des digressions hors sujet. Mais ce que je puis vous assurer, c'est que j'ai écrit mon livre avec cette intention constamment en tête : ne pas égarer, ne pas lasser, ne pas rebuter.

10- Rencontre-dédicace à la librairie L'Alinéa à Bayonne

Grâce à l'écoute et à l'engagement de Bénédicte Gelly, je prends place à la librairie L'Alinéa dans le quartier historique du grand Bayonne. Elle se situe rue d'Espagne qui s'est appelée successi-vement rue des Tendes pour partie et Mayou pour l'autre au XIIIe siècle, rue de la République après la révolution, puis rue Mayou en entier et définiti-vement rue d'Espagne au XIXe siècle.







Un premier couple s'arrête, attiré par la couverture saharienne puis par le titre dont la présence de la ville grecque de Corinthe
ne cadre pas avec leur vision du Sahara. Cela me donne l'occasion d'expliquer que, contrairement aux navigateurs de l'époque qui, pris par les remous à l'entrée du port, précipi-taient leur navire sur les écueils et s'échouaient, moi j'estimais ne pas avoir échoué. Puis j'enchaîne sur le pourquoi du livre : j'ai reçu un héritage familial et je constitue un legs.
- Je me suis livré à un travail de remémoration, de compilation et de cohésion. Tous les clichés étaient entassés dans des boîtes recyclées de chocolat ou de biscuits : prise de Berlin, état-major allié, défilé du 49e RI de Bayonne après la libération de Berlin, peloton de méharistes à Ouargla, campagne du Fezzan, poursuite des partis rezzous, relevés topographiques, surveillance de la frontière algéro-libyenne, mission à Tamanrasset, combats le long de la ligne Morice...

Mes interlocuteurs sont sidérés par de tels témoignages car, même s'ils ont entendu des récits de la guerre d'Algérie, leur imaginaire est frappé :
- Mon grand-père a servi dans les zouaves et mon oncle appartenait à la Légion et ce n'est que très tard que j'ai pu entendre certains récits, en dehors d'anecdotes faites pour dédramatiser la situation. Mais ce que vous écrivez là est fabuleux, c'est une véritable transmission de mémoire. Je me rends compte que beaucoup de jeunes générations peinent à comprendre les faits quand elles ne les rejettent pas.
- C'est bien pour cela, pour que personne ne puisse déformer la vérité une fois les témoins disparus, que j'ai entrepris cette confession.

D'autres personnes échangent à partir de leurs expérience et vécu. Elles me disent que  j'aurai les retours de lecture (je distribue les marque-pages qui mentionnent mon courriel et l'adresse du Blog du livre). Même pas le temps de tirer des photos. C'est sur un moment très convivial proposé par Bénédicte aux personnes encore présentes que nous terminons (avec mon épouse) cet après-midi animé et tonique.




11- Article paru dans BasKulture - 12 juillet 2019



La lettre du Pays basque consacre l'article suivant à mon épopée familiale :

Coup double pour l’auteur Philippe Saubadine qui a rencontré ses lecteurs le mois dernier, lors du salon Belles pages de Guéthary et à la librairie L’Alinéa. Ce coup double l’est aussi avec la présentation du deuxième tome de son livre « IL M'A ETE DONNE D'ALLER A CORINTHE » sous-titré « LA MARCHE HAUTE ».
L’ensemble relate l’épopée d’une famille bayonnaise aux prises avec les événements et les conflits contemporains dont les périodes s’étendent de 1926 à 1987 pour le tome 1, et de 1988 à 2008 pour le tome 2. Il me confie :


« Quels que furent les engagements, les mérites et les épreuves accomplis ou subis par les membres de ma famille sur fond d'événements qui ont marqué l'histoire –  les deux grandes guerres mondiales, les campagnes du Liban, la guerre d’Algérie –, je décris la vie de personnes ordinaires qui ont saisi les opportunités sans espérer la chance ».

Après la campagne de Berlin pendant laquelle son père aura les pieds gelés, celui-ci demande à être muté au Sahara algérien en tant que sous-officier méhariste. Il se retrouve à Ouargla, en plein Sahara, où son épouse, toute jeune maman, le rejoint avec leur fils Philippe… pour administrer la poste ! Imaginez alors une Française d’à peine 24 ans qui dirige des Arabes et gère un établissement par lequel transitent toutes les communications, un important courrier entre la métropole et le Territoire des Oasis et, ce n’est pas des moindres, la paie mensuelle des pétroliers d’Hassi-Messaoud ! En 1952, ce n’est pas banal et cette femme de caractère mènera, outre sa profession, son ménage avec amour et dévouement.

C’est dans cet environnement de volonté, de courage, d’opiniâtreté et de danger que l’auteur construit sa personnalité. Il goûte aussi à la liberté de vagabonder dans les dunes, de grimper dans les palmiers pour cueillir les dattes, de rejoindre les campements nomades pour le partage du thé et les parties de dominos.

De retour à Bayonne, il intègre l’enseignement de l’école laïque : école Jules-Ferry puis lycée d’Etat de Marracq (pas encore baptisé René Cassin). Ce seront ensuite des études universitaires, le service militaire à l’Ecole des troupes aéroportées de Pau, les péripéties de l’entrée dans la vie active.
C’est dans l’exercice de son métier que Philippe Saubadine va formaliser cette âme nomade par une vingtaine d’années passées à l’étranger (Colombie, Guatemala, Egypte, Iran, Gabon, Congo, Angola, Nigeria, Cameroun), dont dix-sept immergé en famille. Il séjourne durablement en Afrique francophone, en Afrique lusophone, en Afrique anglophone. Chaque fois, ce sont des découvertes de traditions, de relations et des aventures : au Gabon, la livraison de vaccins jusqu’à la mission Sainte-Anne en remontant l’Ogooué pendant deux jours ; en Angola, les fusillades dans les rues et le braquage subi par son épouse alors qu’elle travaille dans un cabinet médical ; au Nigeria, les massacres ethno-religieux et les agissements racistes des communautés envers tous les étrangers ; au Cameroun, la prise d’otages autour d’une plateforme dans le Rio del Rey ou le ravitaillement des familles expatriées pendant les violentes émeutes à Douala.

Lorsque son père, alors à la retraite, lui remet les cahiers de campagne de son propre père, l’auteur découvre que son grand-père paternel est à l’origine, avec un autre officier basque des Basses-Pyrénées, de la création de l’armée libanaise, juste après que la République libanaise a été instituée en 1926.
Ce récit épique a pour fondement les événements contemporains du XXe siècle que chacun a pu vivre, par les récits ou réellement. Mais si l’auteur et son épouse, qui l’a accompagné dans toutes ses destinations, ont toujours respecté les peuples et leurs coutumes, ils ont valorisé la culture basque partout où ils sont passés. Ainsi au Gabon, ils ont planifié le séjour du chœur Oldarra avec deux concerts à Libreville et à Port-Gentil, plus une somptueuse messe à la cathédrale Saint-Louis. De même, à Luanda (Angola), à Port Harcourt (Nigeria) et à Douala (Cameroun), ils ont organisé les fêtes basques qu’ils ont fait animer par le groupe Ontuak. Et il faut savoir que Philippe Saubadine est à l’origine de l’aménagement d’un fronton couvert, à l’intérieur d’un gymnase de Port Harcourt, officiellement baptisé « Plaza hegogia » et inauguré par les autorités locales en 2005.

Alors qu’il rédige le deuxième ouvrage, il découvre, suite à un décès dans la famille, cinquante lettres écrites à la plume par son grand-père maternel, soigneusement conservées et d’une lisibilité parfaite.
Elles datent de son séjour à Ouargla et confirment la teneur de son livre d’une part, apportent d’autre part des précisions sur des faits ainsi que des éclairages sur des clichés restés jusqu’alors non rattachables à des souvenirs. Une véritable manne !
Avec ces deux tomes (en attendant le troisième et dernier), nous vivons l’histoire d’une authentique famille bayonnaise implantée à Saint-Esprit, dont les membres ont choisi d’aller là où les nécessités (service de la patrie pour les grands-parents et parents, exercice de son métier pour l’auteur) les ont menés.

Le Blog du livre illustre l’ouvrage avec des photos uniques et des documents personnels que 10 000 visiteurs ont déjà consultés (dont des associations d’anciens militaires, des sociétés d’histoire et des historiens, des chercheurs) originaires, entre autres, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Russie, d’Ukraine,
des Etats-Unis, du Canada, d’Algérie, du Cameroun, du Gabon et d’Indonésie. Et l’auteur de conclure : « Au fur et à mesure des recherches et de l’écriture, je me suis senti redevable : redevable de ce que j’ai reçu et de ce que j’ai appris, qui ont fait ce que je suis devenu. Les souvenirs sont la pertinence de la mémoire et leurs cicatrices ont valeur de connaissance ».

Ce récit captivant est écrit dans une langue claire et subtile. L’intérêt est maintenu de bout en bout, sans temps mort ni logorrhée, avec le sens de la composition dont l’auteur a déjà fait montre dans ses nouvelles. Je ne peux qu’en recommander la lecture à un moment privilégié où la détente et l’oubli du quotidien redonnent l’envie et le plaisir de lire.

Il m'a été donné d'aller à Corinthe (790 p.) et La marche haute (785 p.) chez Vérone éditions.

12- Salon du livre de Cambo 2019 - Arnaga

"La pluie du matin n'arrête pas le pèlerin" : cette citation ne convient pas vraiment en ce dimanche 22 septembre dans les jardins de la villa Arnaga.
En effet, les vélums installés pour recevoir les quatre-vingts auteurs et vingt éditeurs, qui arrivent aux alentours de 9 heures, sont copieusement arrosés par quelques belles larmes du ciel. Mais il faut croire que le génie de Chantecler veille sur la maison d'Edmond Rostand car, dès le début de l'après-midi, c'est un soleil serein qui s'installe au-dessus de nos têtes. Je propose donc cet adage (complètement apocryphe) : "la pluie du matin réjouit l'écrivain".


Avec Arminda et Gilles, nous formons le Litterae trio de la Côte basque dont l'ambition tient en ces mots : écriture-passion-partage. Et j'adjoins cet avis d'Anatole France sur les écrivains : "Les écrivains ne nous ennuient pas lorsqu'ils nous parlent de leurs amours et de leurs haines, de leurs joies et de leurs douleurs".
La preuve en est l'attroupement qui se fait devant ma table (n° 36) lorsque j'évoque les péripéties historiques vécues par ma famille dans des lieux que certains ont connus - Ouargla et le Sahara, Libreville et Port-Gentil, Téhéran, Lacq - ou qui ont déserté leur mémoire sans pour autant s'effacer - Le Fezzan, le Liban.

- L'étendue historique de vos deux tomes va énormément intéresser mon mari qui a fait pratiquement toute sa carrière à l'étranger où je l'accompagnais : Gabon, Madagascar, Djibouti... avec un passage à la Citadelle de Bayonne.

-
Moi, j'ai été aussi militaire en Algérie et ce que vous racontez de votre père ne m'est pas étranger même si je suis arrivé plus tard, en 1962 (note : mon père est revenu en France en 1960).


- Vous m'avez convaincu et pourtant j'étais dubitatif quand j'ai pris connaissance de la 4e de couverture...

- J'ai craint un sujet un peu trop centré sur l'égotisme... J'irai voir votre blog puisque vous dites y avoir déposé des photos d'époque, la description que vous venez de me donner de vos séjours en Afrique étant très convaincante.

Ma photographe préférée et épouse s'étant dépor-tée sur le stand de son fils, je ne dispose pas de cliché !
Elle reviendra à temps pour saisir un dialogue avec une lectrice passionnée de roman historique qui avoue son intérêt pour ma saga "tellement vraie, tellement touchante quand je vous entends en parler".

Je peux également échanger avec la directrice de la médiathèque de la ville de Bayonne qui ne manque pas d'évoquer son plaisir d'avoir lu les deux épisodes (14 & 15) relatifs à la revue Les Nouveaux Cahiers de l'Adour, antérieurs à sa nomination.
Et je n'oublie pas bien sûr mon ami poète-conteur-romancier Chrystom que je retrouve avec joie aussi tonique, chaleureux et volubile.



13- Lire en Tursan - Geaune

Un jour et demi de séjour superbe dans le Tursan, région viticole et gastronomique de Gascogne les samedi 12 et dimanche 13 octobre. C'est sous les arceaux centenaires entourant la place carrée, caractéristique des bastides du Sud-Ouest, que la ville de Geaune a installé les quelque 90 auteurs et éditeurs venus présenter leurs œuvres et production au public curieux et avide de lectures hors les circuits traditionnels de diffusion.

J'apprends que le nom de la ville est directement inspiré de celui de Gênes dont le sénéchal Antonio di Pesagno, créateur de la ville en 1318, était originaire. Geaune fut temporairement rattaché au département des Basses-Pyrénées actuelles Pyrénées Atlantiques au moment de la Révolution avant de revenir dans le giron des Landes.
Lorsque j'arrive, je ne sais pas que je fais l'objet d'un cliché furtif dont je trouverai ultérieurement l'auteur sur la toile. Il est midi et le thermomètre affiche 25 ° avec un ciel légèrement nuageux.


Installation et hop, les premiers visiteurs arrivent. D'abord quelques personnes qui manifestent un étonnement ravi devant les deux couvertures de mes livres. Il faut dire qu'elles sont extrêmement représentatives des lieux et de leur ambiance. Puis j'engage une discussion avec un couple vivement intéressé par mon approche des relations vécues : "Ne rien forcer, ne rien jeter mais admettre"
- Votre réflexion est vraiment d'actualité au moment où notre pays est menacé par le communautarisme. Vous exprimez une façon de se comporter que tout étranger présent dans n'importe quel pays devrait observer.

- C'est venu par nos expériences vécues au milieu des populations. Il ne s'agit ni plus, ni moins que du respect des traditions locales. Cela étant, nous avons observé, notamment au Nigeria, les forts clivages entre ethnies, clivages doublés par les intolérances religieuses.
- Nous n'avons pas séjourné dans ce pays mais nous avons vécu au Mali pendant trois ans. Et je puis vous dire que les conflits entre Peul et Dogon, entre Bambara et Peul attisent les haines et font chaque jour des tas de victimes. 


Après le très bon déjeuner offert par les organisatrices - notre table est composée sans surprise d'Arminda, de son époux David (auquel je dois les photos qu'il prend avec autant de gentillesse que d'altruisme) et de Gilles, j'accueille deux amis dacquois qui ont fait le déplacement pour acheter le deuxième tome. Leur enthousiasme vis-à-vis du premier, dont ils m'avaient fait part par courriel, est confirmé avec véhémence : 
- (elle) A voir l'homme d'aujourd'hui, j'étais loin d'imaginer comment tu étais enfant et que je découvre avec surprise.
- (lui) Notamment ta relation avec une gamine plus âgée au retour d'une leçon de piano... ah oui ! aussi quand tu te rends à l'embuscade d'une
bande de lycéens dans le parc du château... je ne me souviens plus du nom
- De Marracq. Le château de Marracq qui se trouve juste derrière le lycée... En fait, il n'y avait que les vestiges de deux pans de mur mais c'était le lieu de rendez-vous pour régler des comptes ou retrouver les filles à la sortie.
- (elle) En tout cas, il me tarde de lire la suite des aventures, tu nous a bien appâtés déjà avec tes premières anecdotes, le faux barrage de gendarmes sur une route à Lagos ou l'histoire à l'aéroport de Franceville, qui m'a bien fait rire, quand un ministre intervient pour fustiger un passager passablement énervé.


Dimanche, un superbe soleil illumine la ville et attire une bonne centaine de familles pour le traditionnel repas des villageois. Deux immenses vélums sont dressés sur la place carrée et les effluves du sacramentel pot-au-feu évoquent des nourritures aussi goûteuses pour le palais que nos écrits le sont pour l'esprit - du moins j'essaie d'en persuader mes acolytes.

L'après-midi est fourni en dialogues autour des conflits contem-porains qui constituent la toile de fond de ma saga familiale. Une personne m'interpelle notamment sur notre séjour en Angola pendant la guerre civile : 
- En feuilletant votre livre, je tombe sur le passage où votre femme est victime d'un braquage là où elle travaille. Elle a dû être marquée, non ?
- Oui. D'abord très secouée car le gars était sous l'emprise de drogue et était armé. D'ailleurs, dans ces cas-là et elle me l'a dit, l'esprit fonctionne à tout berzingue et presque de façon autono-me. Ce n'est que bien après qu'elle a pu décrire son attitude. Oui, ça a été une sacrée expérience qui a participé à son mûrissement.
- En tout cas, plutôt elle que moi ! Je ne suis pas une aventureuse et cette Afrique me fait peur.
- Vous savez, nous y avons vécu pendant 17 ans et dans différents pays, nous en sommes revenus intacts et d'une certaine façon plus riches d'une certaine proximité... à condition de se comporter en égal.

14- Rencontre-dédicace à la librairie Martin-Delbert à Agen


















Samedi 9 novembre 2019, Frédéric Delbert, héritier de la librairie Martin-Delbert, institution agenaise depuis 1890, m'accueille avec intérêt : la commu-nication sur ma venue a été largement relayée auprès de sa clientèle habituelle - à la fois urbi et orbi - et la presse locale s'est emparée de l'événe-ment. La visibilité est assurée en vitrine. Et, en effet, ce sera une affluence continue qui s'arrêtera devant la table où je présente le tome 2 de ma saga familiale.

Mon premier visiteur est venu du Gers pour que je lui dédicace le tome 1 qu''il avait acheté lors de sa sortie en librairie. Il avoue, lui le sédentaire issu d'une lignée aristocratique campagnarde, être admiratif devant mes pérégrinations et notre propension (il y associe mon épouse) à faire face à des situations peu banales, limite dangereuses.


Restaurateur en marqueterie, il apprécie le travail minutieux de recherche et il compare ma quête des documents et témoignages familiaux à cet "acte prenant et enthousiaste qu'est le patient assem-blage des matériaux constitutif de tout ouvrage".

Une jeune fille d'une douzaine d'années est intri-guée par (je pense) l'épaisseur de mes livres car elle me demande :
- C'est vous qui avez écrit tout ça ?
- Oui jeune fille, entièrement. Personne ne l'a écrit à ma place.
Mais combien de temps avez-vous mis ?
- Juste pour les écrire, deux années. Mais il faut avant réfléchir à l'histoire, comment la rendre                                                                                                         vivante.
Elle reviendra un peu plus tard avec sa maman.
Un grand ami cette fois, qui habite tout près d'Agen, vient se procurer le deuxième volume. Il a pu en lire quelques passages et :
- Je me régale d'avance à découvrir la suite. Déjà, lorsque tu t'étais trouvé à Téhéran alors que l'Ayatollah Khomeiny rentrait de Neauphle-le-Château, la situation était très critique.


















- Plus que ça, explosive ! Comme lors de tout soulèvement populaire des bandes armées parcouraient les rues à al recherche de boutiques et de lieux à piller, et aussi d'exactions à commettre notamment contre les Américains. J'ai assisté à une véritable chasse aux occidentaux sauf les Français, bien sûr. Ce qui n'a pas empêché ma fouille par les gardiens de la révolution.
- Ah, oui ! l'histoire de l'appareil-photo, de la pellicule et des boîtes de caviar.


Le temps de boire quelques gorgées d'eau (toujours l'accueil pré-venant de la librairie) et une dame m'entreprend sur les voyages que je n'ai pas manqué de faire et les nombreux déménagements auxquels j'ai dû faire face.
- Quatorze déménagements au total, d'abord seul puis avec mon épouse. Nous avons une certaine expérience de ce qui est utile.
- Je vous comprends, j'ai moi-même beaucoup séjourné à l'étranger et aussi dans plusieurs régions de France. Et puis j'adore lire.


Pendant ce temps, un couple lit avec attention la 4e de couverture. Quelques hochements de tête approbateurs de la femme, puis tout à trac :
- Et vous avez finalement trouvé vos origines ?
- Oui, un peu par hasard. En fait ça s'est passé lors d'une émission de radio dans laquelle Philippe Oyamburu commentait son "Dictionnaire des patronymes basques" [note : Ph. Oyamburu, auteur, musicien et choré-graphe dont les activités ont toujours été consacrées aux chants, danses et traditions basques]. Il a expliqué la genèse de mon patronyme qui trouve ses origines dans la province du Labourd et dans le pays de Cize en Navarre.
- Je suis moi-même d'origine antillaise par ma mère et grecque par mon père, c'est dire si je vous comprends lorsque vous écrivez que votre retour en France s'est apparenté à une intégration à l'envers après le Sahara.

- Absolument. J'ai pratiqué la diversité bien avant que cela ne devienne un sujet de notre société actuelle. Au Sahara, j'étais le petit blanc, en France le petit moricaud.
[rappel aux lecteurs du Blog, ci-contre je pose devant la porte-moustiquaire de notre maison à Ouargla - cf. épisode 3 : J'habite à Ouargla, Territoire des Oasis].
Nous échangeons ensuite sur la difficulté à obtenir de nos anciens qu'ils racontent les guerres et les épreuves qu'ils ont subies.
- Nous n'allons pas vous prendre votre livre maintenant. On pourra le trouver plus tard ?
- Bien sûr, la librairie en garde en stock jusqu'à la fin de l'année.

Il est (déjà) 18 heures 30, Frédéric Delbert vient constater la bonne fréquentation de l'après-midi. Il fait nuit et les clients quittent la librairie en emportant les lectures dont ils profiteront ou qu'ils offriront pour Noël.
Une sexagénaire alerte s'assied à la table, bien décidée à acheter mon livre.
Elle est accompagnée par son petit-fils d'environ quatorze ans, passionné de mythologie, qui est plongé dans les aventures d'Ulysse. Tout en écrivant la dédicace à sa grand-mère, je l'interroge au sujet de Jason et des Argonautes, puis sur Egée avec l'épisode poignant des voiles blanches et des voiles noires.
Il connaît, et bien. Je me dis qu'il ne faut pas désespérer de certains jeunes qui prouvent que lire n'est pas incompatible avec l'usage des consoles-vidéo.

15- Salon du livre - Haget'mots à Hagetmau

Pour cette 8e édition, les instances organisatrices proposent un plateau d'auteurs et d'éditeurs en cohérence avec le plaisir de lire et la joie de découvrir.
Le symbole de l'affiche est révélateur de l'osmose qui peut exister entre la lecture, le sport et la femme dans notre société.
Après un convivial accueil café-viennoiseries, très vite les visi-teurs arrivent et j'entreprends la genèse de ma saga avec une personne qui a vécu longtemps à l'étranger en tant que fille puis femme de militaire.
- Mon grand-père n'a jamais vraiment voulu dire comment il avait vécu les horribles conditions de la guerre 14-18. Et je m'en veux de l'avoir laissé partir ainsi.

- Vous savez, avec mon père qui a baroudé avec le Corps franc Pommiès en 39-45, puis comme méhariste au Sahara algérien, mon entreprise de recueil de son témoignage n'a pas été facile non plus. Lorsque je suis tombé sur une photo prise lors d'un moment de détente après la libération d'Autun où il figure avec trois autres Bayonnais, il m'a dit simplement : "à cette bataille, j'ai perdu 200 copains" [rappel aux lecteurs du Blog, ce cliché est extrait de l'épisode 2 : du Sud-Ouest à Berlin, la campagne hivernale du Corps franc Pommiès et les batailles de Stuttgart et de Berlin. Mon père est identifié par une croix, rangée du bas accroupi à gauche].


Avec un couple, j'attaque (si j'ose dire) le journal de campagne de mon grand-père paternel au Liban. Un de leurs grands-pères a été blessé aux Dardanelles lors du débarquement sur cette péninsule pour réduire les batteries de canons ottomans. Pierre Saubadine a été décoré à cette occasion.
Je leur parle alors d'un fait historique que je n'ai découvert que très tard, lorsque mon père m'a légué ce fameux journal qui se présente sous la forme de deux cahiers entoilés noirs : la création de la 1re Compagnie de Chasseurs libanais par les officiers Hiriart et Saubadine, première unité de ce qui sera plus tard l'armée libanaise.



Leur émotion est vive de visualiser un contempo-rain d'un membre de leur famille : évocation de la tenue militaire portée alors par les fantassins dont les matières (tissus, cuir) n'étaient pas adaptées aux conditions climatiques des déserts et des montagnes du Levant.








Deux personnes tombent en arrêt devant mon stand en me reconnaissant. Elles étaient venues (et je m'en souviens instanta-nément en les voyant) au salon du livre de Geaune. Nous avions longuement échangé sur les coutumes, les croyances, les risques. Elles avaient acquis le premier tome. Allons-y pour le tome 2 dont elles trouvent la couverture représentative de la maison équatoriale.

Question :
-Après ces nombreuses années passées à l'étranger, comment vous êtes-vous réadapté à la vie en France ?
- En y réfléchissant, je dirais que j'ai toujours agi sans laisser les contraintes amoindrir ma décision tout en les considérant comme des jalons à vaincre. Evoluer dans un nouvel environnement tous les quatre ans en moyenne donne une sorte de contenance face aux changements en développant une adaptation sereine. Même si, parfois, le choc peut être assez violent comme en Angola ou au Nigeria par exemple.

[Intermède : déjeuner pris en commun par les auteurs et éditeurs, repas servi par les jeunes garçons et filles du club de basket avec efficacité et bonne humeur]



Le temps de finir ma tasse de café et je reprends les discussions avec les clients de l'après-midi qui sont déjà devant le stand. L'attractivité pour le Blog du livre est puissante, j'en mesure sa portée auprès des visiteurs qui me confient le suivre avec intérêt. je les informe qu'ils font partie de mes 7 500 lecteurs et que des sites spécialisés s'y réfèrent pour les photos et les documents présentés.


16- Exposition nationale Art premier et succès de la saga

Avec mon épouse, nous sommes conviés par l'organisateur et collectionneur André Furlan à intervenir en public lors de l'exposition nationale Art premier - qui se tient à Nérac du 1er juillet au
15 septembre 2020 - pour laquelle ma femme et moi-même prêtons douze œuvres. Le défi est d'importance car il s'agit d'apporter le témoignage de particuliers envers les coutumes et les traditions des peuples côtoyés.


Le public, passionné par les conférences que j'ai données, s'est montré particulièrement intéressé par l'épopée nomade que j'ai livrée pendant mes jours de présence. J'ai notamment eu des échanges avec d'anciens résidents au Congo et au Cameroun pour lesquels mon histoire familiale a constitué un retour sur des événements quotidiens toujours très prégnants. La visite de deux couples venus spécialement de leurs régions pour me rencontrer m'a enchanté.



Je discute longuement avec un jeune couple, lui d'ascendance arménienne et elle de nationalité polonaise (à droite sur la photo). Lui confie qu'il a résidé au Liban et qu'il est touché par le récit des campagnes de mon grand-père paternel et le fait qu'il soit à l'origine de la création de l'armée libanaise.
Puis avec une personne qui m'indique qu'elle a acheté directement le tome 2 en librairie car le tome 1 n'était plus disponible. Elle avait appris par la presse que j'intervenais à Nérac et donc elle venait pour me rencontrer et acheter le premier tome :
- Lorsque j'ai lu cette phrase : "elle se déplace avec la grâce d'un lys songeur", je me suis dit qu'il fallait absolument que je rencontre l'homme qui dit cela de
sa femme.
Et mon épouse, qui assiste à l'échange, de lui dire :
-  Et moi je le choisis tous les matins.

Reviennent deux visiteurs du samedi 25 juillet pour prendre le tome 2 après qu'ils ont dévoré le premier acheté alors :
- Comme vous nous l'aviez conseillé, nous sommes allés sur votre Blog, c'est passionnant. Nous qui n'avions aucune idée de comment des Français pouvaient vivre dans le désert dans les années 50, ça a été une complète découverte. Et aussi nous ne savions pas que le général De Gaulle avait fait cette tournée saharienne pendant son retrait politique.

Pour le compte rendu des conférences, vous reporter à la rubrique intitulée "Art premier : conférences et confidences".

17- En pays bamiléké (extrait du troisième tome de la saga)

Apparue au mois de novembre 2019 dans la ville de Wuyan, province  chinoise de Hubeï, la Covid-19 a mis l'humanité sans dessus-dessous en se propageant de manière exponentielle et erratique. 

Grâce à l'opiniâtreté et à la persévérance des organisatrices bénévoles, la Fête du livre a pu se tenir dans le très beau village de La Bastide-Clairence le dimanche 26 juin 2021. Bien entendu, chaque exposant était muni du gel hydroalcoolique et du masque requis quand bien même, et c'était mon cas, ils étaient vaccinés.
En tout cas, cela n'a pas empêché les visiteurs de s'approprier cette journée au demeurant douce, couplée avec le premier tour des élections régionales et départementales. A se demander quel événement a été le plus porteur !

Les nombreux lecteurs des deux premiers tomes se sont enquis de la sortie du troisième (et ultime) volet de ma saga familiale. En guise d'amuse-bouche, je leur délivre la veillée funéraire à laquelle je fus convié dans un village bamiléké au Cameroun. En voici la primeur pour les fidèles du Blog.


"Mon collègue m’annonce le décès d’un de nos plus anciens employés camerounais. L’hommage se passe vendredi dans son village de Bafang.

-  Où est-ce ?

Il fait une moue appréciative :

-  En pays bamiléké, à deux cents kilomètres environ au nord de Douala… mais en temps il y en a pour quatre bonnes heures. Route plus piste et tu finis à pied en grimpant.

-  C’est pentu ?

-  Pas trop non, mais avec la température on en bave !

-  La veillée commence à quelle heure ?

- Heure camerounaise chef. C’est prévu pour 17 heures mais elle ne débute vraiment que lorsque les dignitaires du village sont présents. Tu as déjà vu des veillées ici en ville avec l’installation de velum et de centaines de chaises, rue barrée, circulation déviée et tout le tintouin. Au village, c’est toute la population qui y assiste, la vie s’arrête, le défunt devient ancêtre, il prend possession des lieux et des esprits. Tu verras c’est fort… Tu devras laisser ta voiture sur une sorte de terre-plein. Et n’oublie pas la caisse de bières.

Oui, ça va être un sacré dégagement.

Je prends la route vendredi matin sur le coup de 11 heures. J’ai un plan de circulation jusqu’à Nkongsamba. Ensuite, l’itinéraire devient aléatoire en fonction des pluies. Les précipitations de la semaine ont été virulentes sur Douala et je crains qu’il en soit de même dans la région du Haut Nkam. J’emporte mon cellulaire. Sans garantie de réseau mais avec la foi du voyageur.
En fait, ce qui me soucie, ce sont les coupeurs de route. Des bandes sévissent sur l’axe routier, en principe de nuit. Mais elles n’hésitent pas à s’en prendre la journée à des véhicules isolés, notamment sur la piste en latérite. Je suis en vigilance rouge sur le parcours fréquenté par des poids lourds chancelants chargés jusqu’à la gueule et lancés à pleine vitesse quelles que soient les conditions et l’intensité du trafic. 

Je suis pris dans le magma du flot de véhicules et de marcheurs, les hommes bas de pantalons retroussés, les femmes escarpins à la main, en sautillements gambadés, suspensions instables et vociférations sèches… Je manœuvre avec la souplesse de l’hippopotame immergé et le doigté circulaire du pilote de rallye.

Plusieurs frôlements de carrosserie et de passants plus tard, je me dirige vers Bafang à travers les plantations de café. 
Le tracé est de plus en plus crevassé, la densité de la forêt réduit une clarté déjà  assombrie, chaque trou d’eau est une menace d’immobilisation immergée. Je transpire sous l’effet de la concentration. La piste sort d’un coup de son enclavement. Et moi d’une sorte d’oppression. Je vide ma cage thoracique d’un poids dont je réalise juste l’accablement subtil. La clairière bosselée s’étend en légère montée jusqu’au pied d’une colline d’où part le sentier. Le temps que je me gare, deux gamins se précipitent, qui  ont repéré le blanc. Je peux à peine ouvrir la portière, ils s’agitent en renchérissant l’un sur l’autre pour garder ma voiture. Je souris avec indulgence, mon 4x4 va rester là sans aucune surveillance, je ne les vois pas camper à côté toute la nuit. Je descends, une chaleur moite me prend. Ils me suivent en criant jusqu’à ce que je soulève mes deux caisses de bière et que je les dépose à terre.

-  Vous montez ça là-haut, à la case de la famille Moussang.

Ils tendent la main.

-  Non, une fois en haut. C’est cinq cents pour chacun.

Je me fige et l’observe d’un air ferme. Je sais que je donne le double du tarif normal.

Le petit regarde l’aîné dans l’espoir de l’acceptation. Hochement de tête maussade, c’est d’accord.
Lorsque je parviens en vue de la case où le corps du défunt est présenté, une femme me prend par la main, me fait traverser une sorte de vestibule en passant outre les personnes présentes absorbées par leurs danses. On entend distinctement les pleureuses dans la pièce à côté où cette main ferme me conduit. 

Elle m’abandonne devant le corps. Je suis le seul blanc. Le défunt est vêtu de son costume de ville. Il repose sur un décorum de linge immaculé festonné, les mains croisées sur la poitrine, la tête légèrement surélevée à l’aide d’un repose-tête. Il arbore une cravate, symbole de sa réussite là-bas, dans la société de la ville. Je m’incline devant le corps, dis une prière pour l’âme du défunt puis me dirige vers la pièce attenante où sont les trois veuves. Elles portent le même pagne dont sont vêtus les membres de la famille. Chez les villageois, le blanc domine. Je parle de la couleur des vêtements des femmes. Les hommes, eux, ont revêtu une tenue traditionnelle, une ample chemise passée sur des pantalons avec soit un gilet, soit une veste. Ils portent la coiffe traditionnelle décorée de perles tressées ou la simple toque de raphia.

Des pas cadencés frappent la terre accompagnés par le rythme soutenu d’une mélopée. C’est le signal du tso, la danse de l’éléphant en l’honneur de celui qui rejoint ses ancêtres. Les membres de la société secrète font passage à l’initié habilité à communiquer avec l’animal, symbole de force et de longévité. Je m’approche avec circonspection, ce genre de cérémonie ne se livrant qu’en présence du clan. Je reçois un geste d’invite d’un des hommes du cortège : je suis admis au rituel.

L’initié porte le mbapteng par lequel il entre en relation avec l'esprit de l'éléphant animal-symbole dont il capte les énergies et mobilise les vertus. Complètement dissimulé sous une cagoule percée de trois trous stylisés pour les yeux et la bouche, le porteur du rite devient l’intermédiaire entre les forces vivantes et les forces occultes. La coiffe de plumes, fixée sur une armature circulaire en fibres d’osier recouverte de tissu, s’élargit vers le sommet. La gestuelle fait virevolter les pans de son masque qui figurent la trompe sur le devant et la queue à l’arrière, les oreilles rondes fixées de part et d’autres de la cagoule battent l’air. Le masque entier est rendu lumineux par la variété des couleurs cousues et l’agencement artistique déployé.

Il s’immobilise soudain au centre du cercle humain. Il va prendre possession de la force vitale du défunt afin qu’elle ne vienne pas troubler les vivants par son errance. Chacun retient son souffle dans une communion spirituelle à la fois pénétrée et craintive. Même si la mort est considérée comme « bonne », c’est-à-dire qu’elle est survenue parmi les siens, sur la terre des aïeux et après une vie longue et prolifique, il convient que l’acheminement vers l’état d’ancêtre respecte l’intercession sacrée avec les anciens. Il y a maintien du lien par l’esprit et de l’honorabilité par l’accomplissement des rites du passage".

18- Edition du tome 3 et Salon du livre à Hagetmau

L'installation durable du coronavirus et la déclinaison de ses variants provoque des annulations et des reports successifs de salons du livre et de séances de dédicaces dans les librairies. Ces ruptures momentanées déséquilibrent les moments de partage réguliers avec les lecteurs et avec le public. J'ai cependant pu maintenir l'intérêt pour ma saga grâce à la parution des épisodes sur les réseaux sociaux
et aux échanges par courriel avec mes lecteurs.

Je profite de cette période pour finaliser l'édition du tome 3 dont le titre est LA MERIDIENNE DU RETOUR. Ce sont les adieux à l'Afrique. Entre la petite enfance au Sahara algérien et les missions et séjours passés à l'étranger, je cumule vingt années de nomadisme. Et quel terme plus approprié que baroud, issu de l'arabe 
بارود qui signifie "poudre à canon", peut symboliser cette épopée familiale. Ce récit, couvrant un siècle d'événements qui ont introduit des bouleversements géogra-phiques et démographiques profonds, résonne a posteriori des comportements guerriers et terroristes subis actuellement par de nombreuses populations. Ce qui conforte ce propos d'Ein-stein : "Les amères leçons du passé doivent être réapprises sans cesse".
Je me suis fait le passeur de la parole paternelle mémorisée et compilée en legs. La mettre par écrit reste une délivrance. Je me rends compte que les témoignages issus des récits de mes parents, des lettres de mon grand-père maternel, des carnets de campagne de mon grand-père paternel, et mes choix person-nels et professionnels opportuns ou induits ont construit la personne que je suis devenue. Ici, pas de défauts ou de qualités mais des caractéristiques. Et un accom-plissement. Y a-t-il pour autant un sentiment de fierté ? Oui mais dénué de forfanterie ou de suffisance, rien qu'un vécu humble et partagé.
"J'attendais avec impatience ce troisième tome et j'allais voir régulièrement chez les libraires", vient de m'écrire une de mes lectrices, "la semaine dernière, je l'ai vu et je l'ai aussitôt commandé. Il me tarde de le recevoir, je me suis tellement régalée avec les deux précédents".          .

Que de plaisir en retrouvant ce salon du livre tout à fait adapté aux auteurs publiés par des maisons d'édition modestes ou auto-édités - ce qui ne veut pas dire que le talent et la qualité d'écriture font défaut. Inutile pour eux de briguer un strapontin chèrement loué dans les salons provinciaux qui reproduisent le parisianisme des lettres. Ces scènes sont l'apanage des locomotives littéraires qui tractent  leurs laudateurs appointés et un public abusé par le renom surévalué et l'obligation de lire les ouvrages formatés. Les Précieuses ridicules restent plus que jamais d'actualité tant leur affirmation (ci-après parodiée) : Je tiens que, hors de Paris, il n'y a point de salut pour les honnêtes lecteurs s'avère aussi jubilatoire que despotique.  





L'accueil est à la hauteur des propos de l'adjointe à la culture : ouverture, partage, plaisir. Exactement les intentions portées par le public dont la fréquentation répond au besoin de lire, certes, mais aussi d'échanger avec l'auteur. Et là je puis dire que nos discussions ont
été de la saveur qui fait la complicité
(couple / madame) Dans ma jeunesse, j'ai voyagé avec sac-à-dos afin de me trouver au plus près de la vie quotidienne des habitants. Je suis épatée par les marches intensives de votre grand-père lorsqu'il se déplaçait dans les montagnes druzes, avec tout le barda militaire.
- Absolument, lui et ses soldats libanais pouvaient par-courir jusqu'à 80 kilomètres dans une journée. C'était très éprouvant, que ce fut par de fortes chaleurs ou sous la neige.



- (visiteur) La période relative à la guerre d'Algérie m'intéresse particulièrement. Mais ce que j'écris sur ces événements relève du roman car les faits que je raconte mettent en scène des personnages fictifs, même si les lieux et l'arrière-plan historique sont bien présents.
- J'ai privilégié l'aspect réalité des événements et situations. Tout ce que je raconte est vrai, tous les personnages dont je parle existent ou ont existé. Le Blog du livre en atteste avec les photos personnelles et les documents d'époque compilés par mon père.
- C'est sûr que j'irai voir votre Blog pour découvrir ces compléments aux bouquins.

Le temps d'enregistrer les commandes pour deux trilogies (destinées à être envoyées à titre de cadeau de la part des acheteuses) et un père et sa jeune fille s'arrêtent longuement pour feuilleter le premier tome et en lire attentivement la quatrième de couverture :
- Nous sommes intrigués par le titre car nulle part il n'est question de Corinthe... Vous y êtes allé ?
- Pas du tout ! En fait, vous en connaissez peut-être la version d'origine due à Erasme "il n'est pas donné à tout le monde d'aller à Corinthe". Dans l'Antiquité, l'accès au port de Corinthe était réputé très dange-reux à cause des nombreux écueils qui parsemaient l'isthme. Et de nombreux navires se sont échoués et ont coulé. En inversant la phrase, j'estime que je n'ai pas échoué dans ma vie. Et que je suis redevable de ce que j'ai reçu et appris, qui font ce que je suis devenu.

- En quelque sorte, vous racontez la vie de votre famille et son influence sur vous ?
- Oui, on peut dire ça. J'ai écrit cette saga, qui au départ ne devait pas être aussi imposante (nota : l'ensemble fait 2 000 pages), car je savais que j'allais rester le seul témoin de ce qu'avaient accompli mes grands-parents et parents. Ils ont subi deux guerres mondiales, ont participé aux conflits coloniaux. J'ai découvert par exemple, au travers des carnets de campagnes confiés par mon père, que mon grand-père paternel avait été à l'origine de la création de l'armée libanaise.
- ??
- Oui, lorsque l'ex-Grand Liban a accédé à l'indépen-dance concertée avec la France, c'est Clemenceau qui a contribué à faire émerger la Constitution libanaise dite "démocratie de concordance". La jeune nation a alors demandé à la France de lui détacher des officiers démo-bilisés afin de structurer son armée et d'instruire les recrues. Il fallait faire vite du fait du conflit druze qui menaçait le Sud Liban.
- C'était à quelle époque ?
- 1925-1926... et ce qui est remarquable, c'est qu'il y a des photos dans ces cahiers, vous savez ces clichés de tout petits formats aux bordures dentelées.
- Vous en parlez dans ce premier volume ?
- Oui... et je pensais que je m'arrêterai là. Il fait tout de même 790 pages. Sauf que mon épouse m'a fait remarquer que, nous aussi, avions eu une vie nomade, que ce serait peut-être intéressant de raconter nos séjours en Afrique noire et comment nous avions vécu en Angola alors en guerre ou dans le delta du Niger soumis aux violences guerrières de factions armées rebelles... D'où les deux tomes suivants.


Entrée à Jezzine (Sud Liban) de la section de la 1re Compagnie de Chasseurs libanais commandée par mon grand-père Pierre Saubadine. Elle est composé de combattants originaires de la Bekaa.

19- Cycle de conférences - Nérac

Je réponds à l'invitation de l'Association William Blake France, dirigée par André Furlan, pour tenir à Nérac un cycle de deux conférences sur ma saga familiale les 11 et 12 août 2022. J'étais auparavant intervenu lors de l'exposition nationale des Arts premiers aux mois d'août et septembre 2020, en compagnie de mon épouse, pour exposer nos témoignages sur les traditions des peuples africains au travers de la symbolique des statuettes et des masques zoomorphes. A l'origine programmés pour deux conférences, nous en avions tenu quatre pour satisfaire la nombreuse assistance.
Le récit de ces deux journées fait l'objet de la rubrique "Cycle de conférences - Nérac" à laquelle vous accédez par le lien direct : cycle de conférences

20- Bal(l)ade littéraire à Lons

Original et porteur, serein et animé, tels sont les qualificatifs que j'attribue au divertissement culturel organisé par François Maurice - et ses collaboratrices - pour cette journée littéraire du dimanche 4 septembre 2022. D'autant que le temps est parfait pour une promenade apéritive ou digestive, en famille ou en groupe d'amis. Bref, une atmosphère de sous-préfet aux champs.
Plus de cent auteurs et autrices ont pris place sous les feuillus du bois de Lons, en bordure des sentiers pédestres et cyclables. Je trouve mon emplacement allée Flaubert. Ce parrainage lettré me convient de par les accointances avec l'autobiographie (L'éduca-tion sentimentale), l'exotisme (Salaambô), le regard sur l'humanité (Dictionnaire des idées reçues).


A peine suis-je installé que le lauréat du Prix de la ville de Lons 2021, dont la table se trouve à quelques mètres, me souhaite la bienvenue et me parle avec chaleur (voisine de la température ambiante) de la précédente et première édition : "Tels que nous sommes disper-sés dans les différentes allées, on ne se rend pas compte de la fréquentation réelle. Mais je peux t'assurer que le passage du public se fait en continu". Me voilà au parfum, lui aussi voisin des senteurs boisées et de la flore champêtre.

Et ses propos se confirment avec l'arrêt d'un couple dont le mari m'interpelle par un inquisiteur : "Vous n'étiez pas par hasard en Angola ?". Et d'évoquer ensemble les parties de pelote sur le fronton aménagé entre le mur d'enceinte et celui d'un des immeubles de nos logements, les rafales d'armes automatiques entendues à la nuit tombée, les sorties en bateau à la presqu'île de Mussolo, ancienne base nautique cubaine, l'explosion du dépôt de munitions en pleine ville de Luanda, l'attaque du cabinet médical de l'ambassade de France lors de laquelle mon épouse s'est retrouvée avec une arme braquée sur sa tempe.

Puis c'est mon ami géologue avec lequel j'ai partagé les moments forts de la découverte géante de Girasol, gisement qualifié d'"éléphant", première fleur d'un bouquet dont les suivantes seront dénommées Dalia, Rosa, Pazflor, Cravo, Lirio, qui s'enquiert du contenu du tome 2 :
- A quel moment se finit-il ?
- Avec une partie de notre séjour au Cameroun, lors des grandes émeutes populaires provoquées par la volonté du président en exercice Paul Bya de modifier la Constitution afin qu'il puisse briguer un quatrième mandat.
- Mais tu parles auparavant de l'arrivée de Patrick Pouyanné en tant que secrétaire général de la filiale angolaise ? 
- Bien sûr, tu penses bien, puisque c'est moi qui les ai accueillis, lui et sa femme, à leur arrivée à Luanda. C'est à ce moment-là qu'il m'a confié que sa famille était originaire de Bayonne, ma ville de naissance. Il venait du cabinet ministériel de François Fillon (Ministre des Technologies, de l'Information et de l'espace dans le gouvernement Balladur sous la présidence de Jacques Chirac).
- Tu l'as pratiqué ? Parce que, moi, je ne l'ai côtoyé qu'à de brèves occasions, lorsque j'assurais l'intérim de mon directeur.
- Oui puisqu'il m'avait muté de la direction du personnel et services à son secrétariat général... tu étais déjà parti. Et lorsque je suis venu dix ans plus tard pour la
Convention 
du Groupe à Paris, en 2006, présenter le gréement des Grands projets de la filiale nigériane, c'est lui qui m'a soutenu quand d'autres grands directeurs mettaient en doute la réussite de cet enjeu capital pour les vingt années à venir. Il était alors directeur Stratégie, croissance et recherche et son avis valait de l'or pour moi.

Une batucada aussi tonique que lyrique interrompt notre dialogue. Cela nous renvoie immanquablement en Angola qui a fait sien l'héritage traditionnel des percussions brésiliennes.

J'entame ensuite une discussion avec un contracteur pétrolier qui a également séjourné en Afrique noire, notam-ment au Gabon à l'époque où j'y étais... et qui y retourne régulièrement.
L'évocation des sites de production en mer nous ramène en 2002, qui marque le début du déclin de la rente pétro-lière d'un pays qui n'a pas encore réussi la transition industrielle. Et de gloser sur la fameuse phrase qui courait alors dans toutes les chancelleries à propos du "titre mondial de premier importateur de champagne par habitant".
Suite à la volonté du pays de développer le tissu pétrolier local, il me dit qu'il y a une pénurie de main d'œuvre qualifiée malgré l'institut créé par le gouverne-ment en partenariat avec Total Gabon. Je fais aussitôt le rapprochement avec le Centre de spécialisation profes-sionnelle que nous avions élaboré et construit à Port-Gentil à destination des étudiants désirant se former aux techniques de soudure/tuyauterie, de l'instrumentation et de la mécanique moteur.

Deux visiteuses m'entreprennent à propos des tomes 1 et 2 qu'elles ont acquis à Hagetmau au mois de mai : "Je les ai lus en deux semaines (rappel de l'auteur : ils font respectivement 790 pages et 786 pages), je me suis régalée" confie la brune. "Moi, j'ai profité de l'été pour purger ma pal (pile à lire), vos livres en faisaient partie" avoue la blonde.

Un couple d'amis, qui était avec nous au Nigeria, arrive avec deux de leurs enfants pour partager l'apéritif. Rien que ce moment rendu possible par la configuration de l'événement suffit à légitimer la méthode Maurice (du nom de l'initiateur). Leurs deux filles sont ravies
de découvrir des anecdotes concernant leurs parents et une époque qu'elles n'ont pas connue. Elles ont droit à la fête basque qui a duré deux jours à Port Harcourt, à l'inauguration des logements pour célibataires et couples sans enfant, à la disparition inquiétante de notre chatte dans les égouts et à sa  réapparition soudaine près des quartiers des gardiens.

Un autre couple engage la conversation sur la base de l'illustration du tome 3 où j'apparais en combinaison de chantier sur fond de plateforme. Je précise : 
- C'est au large du Cameroun, dans le Rio del Rey.
- Vous travailliez sur chantier ?
- Non, mais j'effectuais des missions HSE* dans le cadre du management.

A leurs questions sur les conditions de vie dans le pays, je réponds qu'il a fallu subir les soubresauts colériques du peuple lors d'émeutes et les enlèvements d'employés sur nos sites en mer par les bandes armées rebelles qui sévissent dans le delta du Niger. 

* Hygiène-Sécurité-Environnement.

Tout en finissant de ranger mon étal, je suis sollicité par une des co-organisatrices pour donner mon ressenti sur cette "très belle journée. La mise en scène est profitable aux exposants - distance suffisante entre les stands pour échanger sans gêner les voisins -  et aux visiteurs qui flânent au gré des sentiers. J'en ai même vu passer deux fois dans la même direction, un peu égarés mais pas inquiets pour autant. Un regret cependant : que les responsables culturels des villes voisines de Pau, Lons, Lescar, Billère, Idron, Mourenx ne se soient pas manifestés sur ce salon champêtre, même si des forums des Associations se tenaient ces samedi et dimanche".

21- Salon du livre de Cambo

La lecture est une composante majeure du patrimoine culturel de l'humanité. Sans lecture, pas de connaissance, pas de transmission, pas de références. Elle a valeur historique, sociale, imaginative.
En cela, elle est l'invitée particulière dans le cadre des journées du patrimoine ce dimanche 18 septembre 2022 à Cambo.
Soixante-quatre auteurs et autrices vont échanger avec le public création et curiosité, passion et intérêt, histoires et découvertes. Une visiteuse contemple la couverture qui représente les portes du Sud et la poste de Ouargla. Sa question est une semi-affirmation :
- Il s'agit du Sahara algérien ?
- Oui, c'est là que j'ai vécu mon enfance avec mes parents. Vous connaissez ?
- Un peu, j'ai habité à Blida.
- Je connais, enfin j'en ai entendu parler par mon père, il y avait la base aérienne 104 et la micheline qui faisait la liaison ferroviaire avec Alger.
- Je l'ai prise de nombreuses fois... Et que faisaient vos parents là-bas ?
- Mon père était méhariste et ma mère tenait la poste. Il faut dire que, en 1950, aucun fonctionnaire ne voulait allait s'enterrer en plein désert. Ma mère s'est portée volontaire, et nous logions derrière, dans la maison accolée au bâtiment administratif (je désigne la couverture du livre).
Pendant que nous discutons, trois personnes se sont approchées et ont pris connaissance des quatriè-mes de couverture. Elle me tend le tome 1 que je lui dédicace : "Pour Lucie, ce récit qui se veut révélateur d'une existence nomade fondée sur l'héritage aventureux".

Lorsque je lui propose de la prendre en photo pour illustrer mon blog, elle me répond que c'est elle qui va me photographier "pour nos souvenirs communs". 

J'enchaîne avec deux personnes (la troisième m'a remercié et a continué sa prospection) qui m'interrogent sur la couverture où j'apparais en combinaison orange sur fond de plateforme et de cheminées rayées rouge et blanc. La plus jeune - qui est la fille - me demande s'il s'agit d'un ouvrage de science-fiction car elle appré-cie les films tirés de ce genre d'œuvre. Je la déçois en disant que non, mais :
- Est-ce que tu as lu les livres dont les films sont inspirés ?
- J'ai lu Harry Potter surtout mais j'ai vu aussi Le Seigneur des anneaux.
- Et si je te disais que le créateur de la science-fiction est français ? et qu'il s'appelle Jules Vernes ?
Regard interrogatif : elle a entendu parler d'Asimov, de Wells, de Bradbury.
- Je suis certain que si on faisait un nouveau film sur "Vingt mille lieues sous les mers", avec les techniques de cinéma virtuelles, cela pousserait les jeunes à lire Jules Vernes
Elle en convient.
Vu le volume (790 pages), sa mère prend un exemplaire du tome 1 et me donne rendez-vous pour la suite l'année prochaine. 

Un visiteur, qui s'était fait connaître le matin, revient. Nous reprenons la discussion sur les années 1950-1960, avec l'épisode algérien et le retour en France.

-  Ce fut le premier dilemme auquel j'ai été confronté en quittant le Sahara. Il y avait la farouche volonté de certains de nous chasser et la profonde détresse de ceux qui voulaient que nous restions.
- C'était vraiment partagé comme ça ?
- C'est comme ça que je le dis aujourd'hui mais, sur le moment, je voyais la haine chez les grands frères arabes et la peur chez mes copains juifs et noirs, même algériens.
- Et votre réadaptation en France ?
- Pendant sept ans, je n'ai connu qu'une saison, l'été car je rentrais à Bayonne pour les mois de juillet et d'août, considé-rés là-bas comme dangereux pour les enfants à cause des températures très élevées. Et quand je suis revenu, il m'a fallu m'habituer à porter des chaussures fermées, jusque là je ne mettais que des babouches ou des espadrilles. Je peux vous dire que j'ai souffert, avec des pansements pendant un bon moment.
- Vous parliez arabe ?
- Des expressions captées à l'école et puis un peu quand j'allais au souk. De quoi passer pour un métèque en France et subir quelques vexations dans la cour de récréation. Je me souviens que mon père me disait, lorsque je revenais avec quelques plaies et bosses : "Philou, à toi de te faire respecter et fais en sorte d'en donner autant que tu en prends, et un peu plus si possible".
Cette remarque fait lever un sourcil réprobateur à une femme qui a assisté à notre échange. Je confirme que ça se passait comme ça et que personne n'avait besoin de cellule psychologique à l'époque. Avec elle, j'aborde la littérature actuelle et la pauvreté du vocabulaire, même chez les "goncourables" et autres lauréats de la république des lettres. Je m'appuie sur mon expérience et un constat :
- Lorsque je suis sorti du lycée (années 70), notre professeur de français nous avait dit que nous maîtri-sions l'usage courant de 30 000 mots, la maîtrise étant la connaissance et la signification. Aujourd'hui, l'ensemble de la population maîtrise de l'ordre de 5 000 mots, les anciens y compris qui relevons la moyenne. Et, dans cette population, savez-vous combien les étudiants, soit l'élite appelée à prendre le pouvoir dans tous les domaines, en possèdent ?... 3 000 seulement.

22- Cycle de conférences - Biarritz

Dans le cadre des conférences organisées par la médiathèque, je suis convié à présenter ma saga familiale, le 5 novembre 2022, devant un public attentif et surpris. Surpris devant le foisonnement d'aventures vécues par une famille ordinaire qui a saisi les opportunités sans attendre la chance.
Le contenu est proche de celui que j'ai présenté par deux fois à Nérac.
Le récit de cet après-midi fait l'objet de la rubrique "Cycle de conférences - Biarritz".  

23- Biltzar des écrivains du Pays basque - Sare - lundi de Pâques


En ce lundi 10 avril 2023, le Biltzar des écrivains du Pays basque fête ses quarante années d'existence. Ainsi que l'a évoqué Jean-Michel Garat, ses débuts furent modestes en termes d'auteurs et autrices présents et de fréquentation.

Le rendez-vous se tenait alors dans les locaux du VVF de Sare qui proposait aux visiteurs un circuit parmi plusieurs salles. Je me souviens que, pour ma premi-ère participation lors de la troisième édition, je me trouvais en compagnie de Patrice Rouleau, créateur de la BD "Kaiku, chien de berger", et de Michel Iturria alors au tout début de sa carrière avec le tome 1 des "Rubipèdes" : un entourage débordant d'humour et de calembours.
Le déjeuner pris en commun permettait aux partici-pants de faire connaissance et d'échanger jusque parfois au-delà de l'heure de réouverture de l'après-midi. Je me souviens, une année, que J.M. Garat avait dû venir nous chercher alors que nous étions en pleine discussion avec le général Ansoborlo qui narrait quelques anecdotes relatives à sa riche vie militaire.

Jean-Michel Garat


J.M. Garat peut se targuer, avec cette quarantième édition,
d'avoir inscrit cet événement unique à la fois dans la durée,
dans l'attachement des auteurs et des éditeurs, et dans la fidélisation d'un public à la fréquentation toujours croissante.



Pour ma part, j'ai entretenu
- une intéressante conversation avec une lectrice (via l'emprunt de mon ouvrage à la médiathèque de Bayonne) d'où il ressort qu'elle a découvert le premier tome sur le conseil d'une biblio-thécaire et lu les deux autres par addiction ;
-  un échange passionnant avec deux visiteurs sur comment s'intégrer dans les populations via leurs coutumes et traditions sans pratiquer l'ingérence, ni l'autosatisfaction.




Il est un fait notable qui rend attachant ce type de rencontre avec le public : plusieurs personnes de générations différentes ont été interpellées par la richesse historique et humaine qui se dégage de ma saga. Et si les plus anciens regrettent de ne pas avoir "confessé" leurs grands-parents ou parents, malheureusement partis avec leur souvenirs désor-mais perdus pour la mémoire familiale, certains jeunes font montre d'un intérêt revigorant pour l'histoire à laquelle ils avouent que l'école ne les captive pas.




Beaucoup de visiteurs se sont penchés sur les quatrièmes de couverture, amorces de dialogues qui permettent de vaincre la réserve qui paralyse souvent leur envie de s'informer plus avant.



Découvrez l'épopée d'une famille aux prises avec les événements historiques et les conflits contemporains au travers de cette saga.

Avis des lectrices et lecteurs :
"C'est extraordinaire de tenir entre ses mains un tel document historique".
"J'ai lui votre livre et j'ai ressenti un énorme plaisir. Les personnages sont uniquement perçus par leur caractère et leurs actes, c'est ce qui fait du récit un tableau vivant et familier".
"Laissez-vous emporter dans un voyage riche en émotions, en rencontres. Découvrez l'importance de la transmission, l'amour de la famille, la volonté de l'auteur de comprendre et d'accepter.. j'ai adoré ce livre".
"Un livre qui puise sa force dans une langue subtile et belle, dans un rythme élégant en même temps que dans une science du récit qui mêle l'histoire personnelle et la vie du monde".
"Je savoure chaque page et je vis chaque moment... Je voyage avec vous".

24- Salon du livre - Hagetmau

C'est le dixième salon et l'envie de ramener le public à la lecture via les rencontres avec les auteurs et autrices se manifeste plus que jamais grâce à la volonté et à l'éner-gie de l'équipe municipale. Lors de l'inauguration par Madame l'adjointe à la culture, les enfants de l'école primaire et du collège ont été mis à l'honneur avec leurs poèmes consacrés à l'environnement marin.
Très vite, les visiteurs ont engagé des discussions autour de ma saga. Mémoire et négligence, conservation et débarras, histoire et vérité, hommage et oubli ont été les sujets rémanents d'autant que les témoins des grandes guerres et des périodes coloniales ont tous (ou presque) disparu.

Un auteur, nouveau dans ce salon, m'entreprend sur les aventures "prodigieuses" de ma famille au travers des anecdotes que je lui livre. Il a fait l'exercice "éprouvant mais nécessaire" de compiler les souvenirs de sa mère (essentiellement) et de les diffuser à sa nombreuse fratrie.

         



Un couple s'arrête, intéressé par l'édifice qui symbolise le premier tome. Je lui apprends qu'il s'agit de la poste de Ouargla par laquelle transitaient les informations apportées par les caravaniers. "Nous avons croisé la patrouille méhariste il y a cinq jours à tel endroit" permettait à ma mère, qui tenait le bureau de poste, de déduire dans quelle zone évoluaient mon père et sa colonne. Une autre fonction essentielle des PTT était de recevoir la paie des pétroliers qui travaillaient à Hassi-Messaoud.

Puis j'ai l'énorme plaisir de revoir un lecteur, à nouveau accompagné de sa jeune fille, qui m'avait pris le tome 1 l'année dernière. Il fait un retour de lecture appréciatif et cite les événe-ments ou anecdotes qui l'ont marqué ou amusé, dont : "J'ai compati au désarroi du jeune boy Haffian lorsque vous avez dû rentrer en France" ; "Je ne m'attendais pas à la chute dans l'histoire de l'interrogation écrite où votre camarade à copié intégralement sur vous" ; "Je collectionnais à l'époque les images Panini des joueurs de foot et j'ai reconnu votre copain qui est en photo avec vous sur le Blog du livre". Je me rends compte qu'il a lu mon livre avec une attention et un intérêt exceptionnels. 
Nous parlons également de l'écriture de nouvel-les, un genre boudé par nos  maisons d'édition qu'elles considèrent comme un genre mineur. Il me confie :
- Ma fille s'essaie à ce type d'écriture qui demande de savoir mettre rapidement les personnages et les actions en situation pour saisir et retenir l'attention du lecteur.
Je confirme que c'est un genre exigeant qui demande de la concision, en fait qui élimine le gras que les auteurs nous servent abondamment pour étoffer le contenu.
Je dédicace le tome 2.

Attirée par la couverture du tome 3 qui représente une plateforme en mer et sur laquelle je figure en combinaison orange, une femme me demande quel travail je faisais.
- J'intervenais dans le cadre du management HSE pour diffuser les consignes du Groupe et en vérifier l'application sur le terrain.
Au fil des échanges, j'apprends qu'elle a, elle aussi, séjourné en Afrique du Nord avec ses parents, puis, avec son mari foreur, dans la plupart des pays où nous avons été nous-mêmes expatriés. Je la dirige vers le Blog du livre : 
- Vous allez retrouver des endroits, des situations que vous avez connus. En fait, le Blog complète et enrichit les livres avec des photos, des documents d'époque et des additifs au texte.
  
Vers la fin de l'après-midi, après que quelques visiteurs ont fait part de leur effroi devant l'épaisseur de mes livres - qui n'ont rien à envier, du moins en volume, aux œuvres de Stephen King, Ken Follet, Stieg Larson et autres contemporains prolifiques -, je noue le dialogue avec une jeune femme autour de la nécessité de conserver correspondances, cartes postales, comptes-rendus, décorations, et aussi de dater et légender les photos. Je lui dis que j'ai mis une année pour trier, chronologiser, classer, vérifier les archives conte-nues dans des cartons et des boîtes recyclées, maintenues par des élastiques ou des ficelles nouées.

25- Nect'Art de Mots - Moliets & Maâ

Lac d'Azur, un site de verdure et d'eau pour accueillir
ce samedi 10 juin 2023 un ensemble d'auteurs, d'artistes et de visiteurs venus collaborer et assister au festival sonore et visuel des mots, de leur écriture et de leur interprétation.

Dès l'arrivée, il flotte autour des velums destinés aux participants une joie active et sereine. Pendant que j'installe mon stand, un randonneur à vélo se détourne du sentier pour s'informer sur ce que je présente. Il est convaincu car il reviendra en début d'après-midi pour compléter sa curiosité.




Curiosité par ailleurs entièrement assouvie pour la responsable de la médiathèque de Moliets. Son intérêt est d'autant plus vif pour ma saga lorsque je lui parle des conférences que j'ai tenues à Nérac, par deux fois, et à Biarritz. Elle va consulter le Blog du livre sur le sujet.   
Sa collègue de Soustons enchaîne sur ses souhaits d'animations pour sa population dont les besoins de lecture l'amènent à renouveler régulièrement son fonds.


J'échange longuement avec une lectrice qui a entendu parler de ma saga lors d'une soirée chez des amis, qui l'ont trouvée en librairie.
- Je vais vous prendre le premier. Et je leur dirai que j'ai eu la chance de vous rencontrer.
- Chance partagée car tout auteur n'a pas l'opportunité de pouvoir discuter un long moment avec ses lectrices. A propos, j'avais eu cette chance-là de m'entretenir avec Jean Echenoz qui était alors à ses tout débuts d'écrivain. Un moment dense dont je rends d'ailleurs compte dans mon livre.

La journée se clôt sur un spectacle de chant-signe émouvant et aérien : Teeley et Camille ont fasciné le public qui a participé par l'apprentissage in situ de quelques gestes du langage des signes.


26- Des livres & nous - Cauneille

Un nouveau lieu pour la rencontre des autrices et auteurs régionaux avec le public grâce à l'initiative renouvelée du village de Cauneille (Landes) : c'est l'occasion d'échanger avec des passionné(e)s pour lesquels écrire est un plaisir et partager une néces-sité.

La banale et aguicheuse présentation du contenu de leurs livres que les Grandes maisons d'édition pro-duisent à l'envi sur les 4e de couverture ne remplace pas le dialogue au débotté avec les lectrices et les lecteurs. Ici, pas de rendement, pas de "dédicaces-circulaires" à volonté, pas d'abattage au volume ; mais de l'attention, de l'émotion, du sentiment, de la convivialité.
   
Assez vite, les visiteurs déambulent dans les allées et manifestent un intérêt non dissimulé pour la richesse des ouvrages proposés par les éditeurs et écrivains locaux.
L'arrêt d'un couple "effrayé" par le volume global des 3 tomes (plus de 2 000 pages cumulées) m'amène à leur demander quels auteurs ont leur préférence (c'est la femme qui répond) :
- Millenium (j'ai oublié le nom de l'auteur. Note du rédacteur : Stieg Larsson), Ken Follet, Lucinda Ridley...
- Et vous n'avez pas été effrayée par la masse de leurs oeuvres ?



Sourire entendu qui ne les empêche pas de discuter autour de ma saga. Il en sera ainsi avec deux autres visiteurs successifs, dont un a passé sa jeunesse à Colomb-Béchar (Algérie) sans toutefois connaître le Sahara. La couverture du tome 1 l'interpelle (représentation de la porte du Sud et du bâtiment de la Poste de Ouargla). Il veut savoir comment nous vivions les missions de mon père qui se déroulaient tout de même dans un milieu à la fois grandiose et hostile.
Je lui explique que ma mère - qui travaillait à la Poste - pouvait savoir dans quel périmètre la colonne méhariste de mon père se trouvait grâce au téléphone arabe, en l'occurrence les renseignements fournis par les caravaniers qui faisaient halte au guichet après le marché. "On a croisé les militaires il y a six jours à tel puits".
Alors, à raison de 60 à 80 kilomètres parcourus par jour, ma mère traçait un arc de cercle sur la carte d'état-major, la pointe du compas posée sur la ville de Ouargla, qui englobait la zone de déplacement.



L'autre interlocuteur est davantage intéressé par nos séjours de longue durée en Afrique. Il m'interroge sur nos conditions de vie dans les pays tels que l'Angola pendant la guerre civile et le Nigeria. Sans tomber dans le genre "baroudeurs qui ont survécu", je fais état de quelques situations très délicates : mon épouse menacée par un braqueur armé au cabinet dentaire de l'ambassade de France à Luanda (dont elle assurait le secrétariat), les enlèvements de personnel en mer dans le delta du Niger par des factions armées nigéri-anes. Il y a eu aussi le Cameroun avec les émeutes dites "de la faim" et contre le maintien autoritaire au pouvoir du président Biya.

A peine la pause-déjeuner terminée, j'accueille à mon stand une visiteuse qui est littéralement sidérée par la consulta-tion du "Journal de campagne" de mon grand-père paternel. Les écrits à la plume consignés par le s/Lieutenant Saubadine pendant la guerre contre les Druzes (Liban/ 1925) et les photos d'époque l'émeuvent. Elle dit son admiration pour le travail que j'ai effectué afin de perpétuer et transmettre cette mémoire à la fois historique et familiale :
- Je vais plonger dès ce soir dans votre saga qui s'avère passionnante.

Deux voisines de stand s'entretiennent tour à tour longuement avec moi. Elles soulignent l'aspect fondamental de ma démarche dans ma volonté de retenir, rechercher, rendre compte et faire savoir :
- Je n'ai pas de mérite, cela a été une nécessité. Mon père vieillissait et, si je n'agissais pas, les faits des anciens ne survivraient pas à l'oralité et disparaîtraient totalement. De plus, j'allais me retrouver le seul témoin apte à transcrire ce que j'avais recueilli auprès de mon père et ce que j'avais vécu avec mes parents.

L'une avoue qu'elle regrette de n'avoir pas pu solliciter sa grand-mère à propos de son vécu et... de ses recettes culinaires.

La deuxième m'indique être en train de faire des recherches au sujet d'un de ses oncles, parti travailler aux Amériques, puis revenu en France pour se battre en 1914 et tué au front en 1917.



La journée s'avère être une succession de dialogues à la fois instruc-tifs et prenants. L'évocation de la mémoire collective au travers des aventures d'une famille ordinaire sur une période de presque un siècle touche les gens dans leurs souvenirs, leurs regrets, et installe in fine l'envie de découvrir cette saga.

Je souligne, et je soulignerai toujours, le dévouement, l'investisse-ment, la volonté des bénévoles tant il faut d'engagement, de ténacité, de pugnacité, et aussi d'amour de l'écriture, pour organiser, fédérer et maintenir ce type d'événement.

J'exprime, et j'exprimerai toujours, ma reconnaissance envers ces personnes et les élu(e)s qui leur font confiance par leur écoute, leur aide, leur conviction.




27- Biltzar des écrivains du Pays basque - Sare - lundi de Pâques


Sous l'impulsion de l'équipe étoffée et renouvelée par touches successives, sous l'oeil bienveillant et néanmoins vigilant de Jean-Michel Garat, cette édition propose des aménagements d'installation des exposants propres à faciliter la circulation des visiteurs. 

Ce genre de salon du livre de proximité permet aux auteurs/autrices et éditeurs régionaux de susciter des rencontres directes avec le public, rencontres qui sont le fondement de la diffusion des livres.  

Car la question n'est pas "QUE DOIT-ON LIRE ?" - selon les produits formatés et livrés clefs en mains par le quarteron des maisons d'édition agissantes - mais "QUE PEUT-ON PROPOSER ?" pour capter et secouer la zone de confort du lectorat.

Ce lundi 1er avril accueille 75 exposants qui attes-tent du dynamisme et de la variété de la littérature au Pays basque, faisant se côtoyer langues basque et française pour les biographies, l'histoire, les romans, fictions et BD, les ouvrages photographi-ques, formant ainsi le catalogue vivant de la richesse patrimoniale régionale.

De mon côté, j'innove avec la présentation sur écran, en continu, des photos et documents issus du Blog du livre, et qui illustrent quelques épisodes de la saga. Cette animation suscite curiosité et intérêt devant les photos de l'épopée du Corps franc Pommiès dans sa remontée sur Berlin, la visite du général De Gaulle au Sahara algérien et notre vie de famille à Ouargla, les missions de mon père dans le désert avec son peloton de méharistes, la célébration de la fête de l'eau par le peuple Sawa au Cameroun, l'épopée pétrolière en Afrique, les conséquences de la guerre civile an Angola, les difficultés de vie au Nigeria dans le delta du Niger, la reconversion du bassin de Lacq.


Une visiteuse, épouse du consul en poste à Libreville dans les années 2000, s'arrête pour comparer longuement nos visions du Gabon. La description de mon séjour en famille à Port-Gentil lui rappelle d'excellents souvenirs de la vie africaine rapportés sur la Côte basque.

Une Espagnole, qui est tombée en arrêt devant les carnets de campagne au Liban de mon grand-père paternel (à l'écran ci-dessus), m'interpelle sur le devoir de mémoire, à la fois sentimental et historique, et sur l'importance de sauvegarder et transmettre le patrimoine. Son souci de recueillir les témoignages se heurte au désintérêt familial et à la disparition, parfois sans descendance, de celles et ceux qui auraient pu attester de la réalité des faits que notre époque, en mal de repentance et de révision démagogique de l'histoire, veut édulcorer, falsifier, arranger, nier.


La reconstitution de la mémoire est au coeur du sujet avec un couple particulièrement axé sur l'aventure ordinaire (vécue par ma famille) qui aurait pu être la leur. Il n'y a pas de destin, seulement des opportunités saisies ou non qui orientent et modèlent les existences.

Un autre couple, qui a vécu en Algérie dans les années 60, rapporte son expérience sur le désastre d'après indépendance pour le peuple algérien privé des bienfaits de la rente gazière et pétrolière ainsi que de la richesse vivrière de la Mitidja. D'où l'amertume de la jeunesse actuelle qui reporte sur l'ancien colon toutes les avanies subies depuis 1962.

Et, pour clore cette passionnante journée, la rencontre avec une enseignante qui a retrouvé dans ma saga des personnes qu'elle avait bien connues lors de ses débuts professionnels. Une nostalgie à la fois émouvante et maîtrisée.



Commentaires

  1. D'une vie professionnelle peu ordinaire, Philippe Saubadine, nous entraîne dans des ses récits extraordinaires dans les 3 tomes de sa saga familiale.

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  2. La saga familiale de Philippe Saubadine, à découvrir pour la véracité des histoires et la gourmandise deson écriture.

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  3. Les trois tomes de la saga familiale de Philippe Saubadine révèlent la véracité des faits et de l'Histoire.

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  4. Vos souvenirs de Ouargla m'ont emu car de 1ç59 à 1961 je casernais à 100m du musée Saharien, au Quatier Duprez de la 2° Cie Saharienne des Transmissions.Bien cordialement à vouss.William P de Cestas.

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  5. Félicitations pour ce combat permanent d'apporter au public tes œuvres littéraires. La diffusion hors des grands "systèmes" reste une lutte constante.

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