épisode 26 : Gabon - l'impulsion

Avec mon épouse, nous sommes accaparés par les très nombreu-ses activités que ma double occupation génère. Ajoutée à cela notre envie de découvrir les coutumes des peuplades locales  : Myènè, Fang, Punu, Omiènè, Mpongwé, Bakota et autres. Le masque Punu mukudj (ci-contre) représente la figure admirée et idéalisée de la femme. Les femmes Punu portent des protubérances sur le front qui sont des scarifications. La blancheur du kaolin sublime la beauté de la personne... sachant que, derrière le masque, c'est toujours un homme qui est présent. Du côté Myènè, le masque Okouyi (à droite) symbolise le deuil accompagné de la sérénité et des conseils des ancêtres.
Encore un masque anthropomorphe blanc (kaolin) compartimenté cette fois de noir et de rouge dont les axes figurent les quatre points cardinaux.
Les ensembles vestimentaires, outre leur fonction de dissimulation du danseur, renvoient à des rituels ordon-nancés. Ces visages peuvent être identifiés aux masques japonais utilisés dans le théâtre Nô.

Tous en scène(s)

J'enchaîne les interventions et les représentations :
la fête nationale de l'indépendance du Gabon pour son 40e anniversaire (17 août 2000). Le défilé se tient boulevard de la mer. Après le passage des  militaires, des forces de gendarmerie et des pompiers, les employés des entreprises sont conviés à défiler, revêtus du pagne de circon-stance au logo de leur société.
Tandis qu'un membre de mon équipe remet solennellement au gouverneur de la province de l'Ogooué maritime le pagne aux couleurs d'Elf Gabon, les deux directeurs généraux et moi-même saluons debout (extrême gauche de la photo) le passage de nos "troupes". Après la cérémonie, je suis attendu par le personnel au foyer Roger Buttin pour féliciter les participants et partager collation et boissons après plus de quatre heures de défilé.
L'ambiance est toujours chaleureuse.

10e édition du cross Ozouri

Cette course d'endurance a été instaurée pour célébrer la découverte du premier gisement d'huile commercialement exploitable par la filiale gabo-naise du Groupe. La participation croît d'année en année et nous sommes plus de 3 000 répartis en plusieurs catégories. 
Au départ, je m'aligne parmi les concurrents de la catégorie "vétérans" qui comprend également des coureurs de la ville. Il fait déjà très chaud et humide en ce 17 février 2001. Le départ est donné depuis le bâtiment administratif et il s'agit de rallier le stade Anselme Ambonguilat sur un parcours de 10 km. Son organisation mobilise, outre mon équipe de l'Assceg, une centaine de bénévoles pour baliser, sécuriser, contrôler la course et tenir les points de ravitaillement. Je me suis entraîné pendant quelques soirs afin d'acclimater mon organisme à l'effort continu avec un taux d'humidité de 95 %.
A l'arrivée, je suis exténué et il me faut  plusieurs bouteilles d'eau et une récupération d'une vingtaine de minutes.



Ensuite, je rentre me changer pour revenir procéder aux remises
des coupes et des prix
par catégorie et par équipe en compagnie
des autres collègues.




Les médailles du travail

Les Gabonais (et les Africains en général) sont très sensibles à la reconnaissance de leur engagement envers leur entreprise. C'est pour elles et eux une seconde famille qui pourvoit à l'entretien et au bien-être de leur foyer - entendu au sens large de la lignée des parents immédiats et lointains, des oncles et tantes, et des nombreux enfants étendus à la cousinade.
A chaque cérémonie, la filiale convie le ministre du Travail et de la Main d'oeuvre et ses proches collaborateurs et collaboratrices, le directeur provincial du Travail, le gouverneur de la province. La cérémonie se tient au foyer Roger Buttin qui est la salle multi-usages  : événements professionnels, soirées Ste Barbe et nouveaux arrivants, réception des personnels lors des fêtes du Travail et de l'indépendance, Noël et carnaval des enfants, conférences, spectacles et expositions. Ouverte à tous les habitants de Port-Gentil, elle constitue le véritable creuset où toutes les populations partagent des moments culturels organisés par l'Assceg.

L'Assceg : une institution de la vie port-gentillaise

A peine un mois après mon arrivée, le directeur général me fait savoir qu'il souhaite que je prenne la direction de ce "vaisseau amiral" d'Elf Gabon : 3 300 ayants droit, 100 personnels, une crèche, l'organi-sation annuelle des colonies de vacances pour
200 enfants ainsi que des offres de voyages
pour les familles, 27 sections sportives avec
16 encadreurs techniques, 17 ateliers artisa-naux, une bibliothèque avec un fonds de plus de 10 000 livres, 5 spectacles par an, des expositions ; côté équipements, il s'agit de gérer le foyer Roger Buttin, la crèche et jardin, le stade Anselme Ambonguilat, le gymnase.
Composition du Bureau (de g. à d.) : Secrétaire général, V/Président section sports, V/Présidente section sociale, Président, V/Président section culturelle, Trésorier.

Du point de vue qualitatif, notre rôle est de garantir l'esprit de partage et de solida-rité, d'assurer et de maintenir l'intégration de toutes les communautés qui se côtoient dans la filiale. En tant que délégataire de cette fonction et du pouvoir attaché, j'y serai très attentif pendant mon mandat de deux ans.









Mon épouse est présente au Noël des enfants qui sont réunis dans le gymnase. Un papa bénévole joue le Père Noël et distribue cadeaux et friandises dans une ambiance frénétique.




Pendant trois semaines, les mwanas (enfants) profitent d'un séjour à Bakoumba au titre de la colonie de vacances. Filles et garçons des personnels de Port-Gentil et de Libreville sont équipés de pied en cap avec T-shirt coloré, sac en bandoulière et sacoche. Je les accueille à leur retour au foyer (le leur et celui de Roger Buttin !).


Parmi les manifestations ludo-sportives figure le tournoi 
de la Famulock. Cette compétition honore la
 mémoire de Stanislas Famulock, conducteur de travaux à la Spaef, qui a péri en 1958 en tentant de sauver un de ses collègues pris dans le violent incendie de son engin. Ce bouliste devant l'Eternel a laissé le souvenir d'un homme dévoué
et joyeux. Ci-contre l'équipe organisatrice.


Les invitations officielles

Avec mon épouse, nous nous devons d'honorer les invitations qui nous sont prodiguées. Les escales de navires de guerre français sont notamment l'occasion de monter à bord de navires dotés d'une technologie embarquée avancée. 
A chaque fois, nous y allons avec le médecin-chef de notre clinique qui est un ancien officier supé-rieur de Santé navale. Nous avons droit au sifflet d'honneur émis par le bosco. Sa modulation et sa durée sont fonction du grade. Je ne me lasse jamais d'entendre ce sifflement codifié basé sur trois sons.
Les deux frégates de surveillance Ventôse et Germinal sont de la classe Floréal et sont affectées aux forces armées cantonnées aux Antilles. Leurs escales font partie de la coopération militaire franco-gabonaise. C'est la raison pour laquelle nous sommes aussi invités par le commandant du 6e Bima, unité appartenant au GTIA (Groupement tactique inter-armes). En tant qu'ancien parachu-tiste, j'avais eu le privilège d'assister aux entraînements des commandos au Centre d'aguerrissement outre-mer et étranger installé à Port-Gentil.




Avec la frégate Surcouf, de la classe La Fayette,
nous entrons dans la nouvelle technologie puisqu'il s'agit d'un navire furtif. Son indicatif visuel est F711. Nous écoutons le capitaine de frégate : "Il est constitué de matériau composite et d'un revête-ment qui diminue drastiquement sa vulnérabilité, lui permettant l'approche des zones d'intervention sans être détecté. Il bénéficie d'une architecture dépouillée à l'extrême, tout est conçu pour être lisse. Il embarque un hélicoptère de lutte antinavire Panther".







D'autres invitations sont d'autant moins protocolaires qu'elles participent de l'ambiance au sein de la concession. Ainsi le nouvel an chinois rassemble-t-il trois Pékinoises (qui nous font le drapeau gabonais),



deux mandarins

                                         et un émissaire de la Cour impériale                                              (ci-dessous, à droite).






Changement à la tête d'Elf Gabon

La passation entre l'ancien directeur général et le nouveau a lieu le 22 mars 2001. Pour l'occasion, le  directeur général de l'exploration-production (DGEP), que j'avais eu comme patron au début de ma carrière puis pendant le plan de performance, est présent.



Avec l'ancien directeur... 



               avec le nouveau                   directeur...



                                                                      


                                                                   en présence du DGEP.









La fusion ayant conduit à l'appellation provisoire de Totalfinaelf, nous voyons arriver de nouveaux expatriés plutôt habitués aux régions asiatiques et au Moyen Orient, zones d'implantation de Total. Le choc culturel est d'autant plus rude que, outre les conditions de logement et de vie d'un standing inférieur à ce qu'ils ont connus, ils se trouvent confrontés à une deuxième culture : la fête basque.

Lorsque je suis arrivé, j'ai été accueilli par deux compatriotes qui ont fédéré quelques natifs du Sud-Ouest pour créer la
 peña Mandjikoak, soit "Ceux de l'ïle Mandji".
Toute ressemblance entre la bombe festive qui figure sur le T-shirt et une quelconque dissidence bruyante ne peut être que fortuite. 

Même si cette manifestation n'est pas inscrite au calendrier des événements de l'Assceg, les services généraux nous apportent une aide appréciable en pavoisant le site de la grande concession de lampions et en fournissant tables et chaises pour déguster la sangria, les tapas et le thon basquaise. Les gâteaux basques sont l'oeuvre des épouses. Depuis une semaine que nous préparons la soirée, nous ne trouvons pas d'Izarra verte pour confectionner le "trou basque". Ce n'est que dans l'après-midi que ma femme arrive à dégoter (le mot n'est pas trop fort) à Grand village une bouteille de liqueur d'Hendaye. Extraordinaire de trouver ça ici, en Afrique.


Et nous établissons le nouveau record gabonais de participants au Paquito chocolatero.

retour à l'épisode précédent :  Gabon - les sites industriels

à suivre épisode 27 : Gabon - une histoire de Port-Gentil



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