épisode 15 : les Nouveaux Cahiers de l'Adour - l'affirmation d'un style

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A l'occasion de l'ouverture du Grand marché
issu de l'Acte unique européen, la ville d'Anglet souhaite faire appréhender les cultures autres au travers des langages. Il nous est demandé d'orga-niser, d'animer et de coordonner un colloque dont le thème est centré sur : traduire, c'est établir un pont entre les langages en associant l'adaptation et l'interprétation au service de la communication entre les peuples.

L'initiative nous fascine avant que de nous plaire : nous allons interférer dans le milieu des lettres, de la philosophie, de l'histoire et auprès de personnes que les origines multiculturelles conduisent à maîtriser la dualité des langages. 

"Un processus d'adoption : la traduction"

Samedi 3 avril 1993 : le tout nouveau lieu de rencontre La Maison pour tous accueille les neuf interve-nants que nous avons convaincu de partager leur vision. La salle de conférence est comble une demi-heure avant le début et l'adjoint à la culture d'Anglet Jean-Michel Barate souligne qu'il ne peut y avoir meilleure inauguration de ce nouvel outil que de composer sur la parole, vecteur d'échange et de transmission.


- Claude Esteban, poète, essayiste, traducteur de Paz, Quevedo, Borges, Garcia-Lorca, Guillen, animateur de la très artistique revue Argile a pris pour sujet "Poésie et traduction : de la langue doublement étrangère".

- Jean-Claude Villain enseigne la philosophie et publie régulièrement des essais et critiques ainsi que des recueils de poésie. Il parle de "L'expérience de traduire et d'être traduit".


 
- Bernadette Engel-Roux, auteur de travaux universitaires sur la poésie contemporaine, traite de Jacques Darras et Walt Whitman avec "De la traduction comme exercice jubilatoire".


- Daniel Aranjo, agrégé de lettres classiques, auteur d'ouvrages sur Toulet, Saint-John Perse, Derème donne la primeur de son étude sur Torga : "Rébellion et pessimisme chez Miguel Torga".



- Moncef Ghachem, poète tunisien qui écrit en arabe dialectal, propose son approche de la traduction dans "Les dits de Tisos, Char, Gaspar ou les poètes des hauts-lieux".



- Suzanne Sauvanaud, philologue passionnée, s'attache au poète Robert Graves qui a entrepris de lire l'histoire de l'Humanité à l'envers : "Cinquante-deux poèmes pour l'humanité".




- Bruno Cany enseigne la mythologie, la philosophie et la poésie grecques à Paris VIII. Il vient de réaliser la première traduction entièrement fidèle à la métrique et à l'écriture de L'Iliade dont il nous rend compte : "L'Iliade, une anthropologie de la poétique".



- Jean-Paul Auxemery est médiéviste et professeur de lettres classiques. Son travail porte sur la voix singulière de Charles Olson, poète qui explore l'Amérique épique dans "Maximus poems". 

                      - Josette Niorthe, enseignante, évoque le Romancero gitano de Garcia-                          Lorca pour attirer l'attention sur "De l'impossibilité de traduire la                                  poésie".



L'assistance manifeste son intérêt sous la forme de questions et de commentaires pointus : "L'implicite peut-il être traduit ?" ; "Original
et traduction sont-ils interchangeables ?" ; Syntaxe qui écoute plutôt qu'elle n'épouse" ; "La pensée comme vision et l'écrit comme indivi-sion". La conclusion de ce colloque revient à Alain Lamassoure en tant qu'instigateur et contributeur européen. Son plaidoyer pour respecter l'esprit et la légitimité des langues s'inspire de la parallaxe : l'observation de l'objet diffère selon la position de l'observateur sans que cela ne modifie la quintessence de l'objet.
                                     (ci-contre : J.M. Barate - discours d'ouverture) 




Le catalogue des auteurs




"Nous devons savoir gré à la Revue de son effort persévérant plein d'indépendance, d'intelligence et de goût pour que cette dixième année d'existence constitue un bonheur personnel pour chacun
de ses lecteurs". C'est par ces mots que l'écrivain et chroniqueur culturel Pierre Espil introduit le dixième anniversaire des NCA en ce samedi 19 novembre 1994.

Le Grand salon de l'hôtel de ville de Bayonne est comble. Les adjoints à la culture de Bayonne, d'Anglet et de Biarritz sont présents ; le président de la Chambre de commerce et d'industrie participe en qualité de donateur ; les dix lauréats de la plume d'argent ont fait un déplacement qu'ils qualifient d'"indispensable et de reconnaissant". La revue a trouvé et pris sa place dans le milieu littéraire.
Forts de 170 abonnés et d'un taux de réabonnement de 87 %, d'une couverture nationale avec des échappées vers l'Italie, le Luxembourg, l'Allemagne, l'Espagne, les Nouveaux Cahiers de l'Adour véhiculent une dynamique induite par la sélection et l'articulation des textes retenus par le comité de rédaction. Lui sont reconnus un sens littéraire clairvoyant et une approche cohérente, homogène - mais non uniforme - des auteurs.


Je succède à Pierre Espil pour accueillir les représentants officiels et l'assemblée puis déroule succinctement le bilan qualitatif de ces dix ans : "Seules les revues sont en mesure de familiariser le public avec les œuvres d'auteurs qu'il ne prendrait pas la peine de lire par lui-même. Les NCA sont un formidable vecteur apte à atténuer le décalage entre la création littéraire et sa perception par les lecteurs. Nous ne prétendons pas faire l'unanimité autour de la revue. Qu'il suffise d'un seul texte pour éveiller l'intérêt et nous n'aurons pas fait un acte inutile. Et vous non plus, qui êtes ici avec nous : la revue a pour vocation de circuler, faites-la connaître, donnez envie aux autres de lire et vous aurez accompli, nous aurons accompli, la moitié du chemin.
Depuis le début de notre aventure, la ville de Bayonne soutient notre entreprise littéraire en mettant à notre disposition, d'abord la très belle salle Ducéré, puis ce Grand salon de l'hôtel de ville. Sachez monsieur l'adjoint à la culture que nous sommes conscients du privilège qui nous est accordé et que nous apprécions votre accueil et l'intérêt que porte la municipalité à nos activités. Au nom de notre Association, permettez-moi de vous remettre cette plaquette commémorative de notre 10e anniversaire".



Intervention de Bernard Massé : "Je ne peux que constater que vous avez parfaitement établi votre légitimité et, s'il en fallait une preuve, vous la trouveriez à la fois dans l'aréopage attentif et conquis présent dans ce Salon et dans la représentativité de vos lauréats dont j'ai reconnu quelques assidus. Au nom de monsieur le Maire, je remercie l'Association pour ce geste qui honore la ville et je vous confirme l'attachement de la cité à l'expression culturelle portée par votre revue. Nous poursuivrons bien entendu l'accompagnement de votre entreprise par laquelle vous donnez à notre ville un label littéraire".
1er rang, (g. à d) B. Massé, F. Jacqué (CCI) et un adjoint, J. Abeberry (culture Biarritz), Y. Lambure (artiste-peintre), Ch. Moulié (mécène de la revue). J.M. Barate (culture Anglet) figure au 3e rang, à droite.


Le peintre Jean-Pierre Ugarte nous fait l'amitié d'installer quatre de ses
œuvres en avant-première de sa prochaine exposition à Bordeaux au mois de janvier 1995 (cliché de droite).



Je profite de l'universalité de cette occasion pour remercier mon ami Christian : "Si l'on devait qualifier le mécène d'aujourd'hui, je dirais que Christian Moulié le personnifie dans toutes ses composantes, à savoir esprit curieux et entreprenant, et souci de faire partager culture et passion".


Nous compilons les textes de 145 auteurs aussi fidèles en accompagnement que talentueux dans leurs créations. Je cite parmi eux Georges Saint-Clair, Armand Monjo, Jean Rousselot, Michel Cosem, Suzanne Sauvanaud, Gérard de Crancé, Christine Andreucci, Lorenzo Soccavo, Laurent Fétis, Bernadette Engel-Roux, Guy Valensol, Jean-Paul Auxemery, Jacques Canut, Léon Mazzela qui viennent s'ajouter à celles et ceux cités dans l'épisode 14 : Pierre Bourgeade, Marie-José Basurco, Guy d'Arcangues, Claude Pelletier, Michel Marty.


Le joaillier Boris Popovic présente le bijou qu'il a spécialement créé pour récompenser la maîtrise de l'écriture en prose et en poésie au titre du trophée littéraire des NCA.





Venue d'Urrugne en voisine, Marie-José Basurco s'est extirpée de l'écriture quotidienne qui la tient cloîtrée. Cette mise sous les projecteurs pour sa nouvelle plébiscitée par notre jury a motivé son déplacement.
Nous nous retrouverons régulièrement (du moins tant que je résiderai en France) au Biltzar de Sare.  





L'hommage à Yves-Alain Favre

source : Recueil en hommage
à la mémoire d'Y.A. Favre - PUP
Parmi les personnages que j'ai rencontrés grâce à la poésie et qui se sont intéressés à la revue, Yves-Alain Favre est l'un de ceux qui ont manifesté leur attachement à notre initiative.
Christine Andreucci est à l'origine du livre-hommage paru en octobre 1993 qui rassemble des textes, des études et des témoignages de poètes et chercheurs tels Philippe Jaccotet, Yves Bonnefoy, Pierre Oster, Salah Stétié, Edmond Humeau, Jean-Claude Renard. Y.A. Favre a créé en 1981 à Pau le Centre de Recherches sur la Poésie contemporaine.
Dans ce numéro des NCA, Christine Andreucci dit l'admira-tion, la reconnaissance et la foi qu'elle lui vouait tant sa personnalité impressionnait au-delà de sa discrétion et d'une réserve bienveillante qui semblait vouloir dire : le temps m'est compté, je dois le consacrer aux poètes et aux œuvres.
"Dominé par un thème privilégié, la recherche du sacré dans
la littérature du XXe siècle, il a observé une impressionnante quantité d’œuvres... Il aide autant à la découverte du précur-seur Victor Segalen qu'à la reconnaissance de Patrice de la Tour du Pin".

Je suis honoré de faire partie de la Tabula gratulatoria du livre-hommage.



à suivre, épisode 16 : Angola - l'installation à Luanda mai 09, 2019




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