épisode 29 : Gabon - tout ce que vous n'avez pas vu dans les épisodes précédents

Rendre compte de quatre années denses, intenses et éclectiques est un exercice d'équilibrisme par lequel il s'agit de captiver l'auditoire sans le lasser, de maintenir l'intérêt tout en évitant le trop-plein. Aussi ai-je élaboré un pêle-mêle de photos légendées pour compléter notre histoire riche en autres moments de vie.
Cette photo est un clin d’œil à la pose que prenaient les riches planteurs et aussi les notables natifs pour notifier leur nouvelle condition. Se faire fixer sur la pellicule  symbolisait alors la reconnaissance de leur statut dans la société et, partant, au sein de la communauté pour les premiers, au sein de leur village pour les seconds (la photo ci-contre date du début du XXe siècle in "Facettes d'histoire du Gabon").

Le quotidien professionnel


Mon équipe chargée de la gestion administrative
du personnel gabonais et expatrié, des contrats
de travail, des études et de la réglementation, de
la prévoyance et du social.


Les négociations avec les délégués du personnel sont toujours sensibles car la filiale sert de "ther-momètre" en matière de relations sociales dans l'industrie pétrolière et de "repère-étalon" en ce
qui concerne le pouvoir d'achat sur Port-Gentil.


Nous recevons également des collègues du Siège
sur les sujets communs et transverses qui ont des incidences sur le management, la mise en oeuvre des outils de gestion, d'informatique, de télécom-munication, le traitement de la prévoyance, les nouveaux profils exigés par les métiers pour une carrière internationale et l'application de la "passerelle" issue de la fusion.



Notre Centre de formation Ozangue est équipé pour organiser le séminaire RH des filiales du Golfe de Guinée.

Pour le dîner, nous invitons à Namina la moitié des membres des délégations. Je retrouve une Angolaise et un Angolais de mon précédent séjour à Luanda,
une Congolaise et un Congolais rencontrés lors de mes nombreuses missions depuis Pau, un Nigérian qui m'accueillera plus tard pour mon affectation à Port Harcourt, deux Camerounais côtoyés lors d'un séminaire Groupe à Paris.


Parmi les devoirs de la charge, je suis tenu d'assister aux cérémonies commémorant l'Indépendance et célébrant
la fête du travail. Les employés de la société défilent à ces occasions vêtus à chaque fois d'un pagne différent que je
porte également en leur honneur.


Présent dans la tribune officielle pour saluer le défilé militaire, je rejoins le foyer Roger Buttin en compagnie du directeur général délégué (à ma droite) qui vient de se voir remettre l'Ordre de Commandeur de l'Etoile équatoriale, et du directeur général.




Salutation du personnel qui a défilé sur le bord de mer,
prélude au repas partagé.





Ici, j'accueille le ministre du Travail, le gouverneur provincial et les autorités militaires pour la remise des médailles du mérite gabonais. Ma fidèle secrétaire figure parmi les impétrants.



Les tenues

Nous avons toujours eu le désir et le souci de respecter les coutumes locales et de partager au maximum les événements publics ou privés avec les Africains. La tenue vestimentaire adaptée aux circonstances est une tradition bien ancrée. 
Voici quelques photos qui en témoignent.






   






































Sur scène lors de la fête de la DRH, Jolayne interprète "Les Amants", chanson de Charles Dumont. Je l'accompagne au piano : c'est la première surprise que nous avons réservée
au public.







Pour la deuxième, nous avons fait répéter à nos Gabonais(e)s, secrètement à notre domicile, la
chanson "Pourvu que ça dure" avec la gestuelle
appropriée : "... la belle figure, les fêtes à Bayonne..." 




Nous avons appris, plus tard, que la troupe de circonstance l'avait exécutée ultérieurement plusieurs fois lors des fêtes
de la filiale.


Divers

J'ai l'honneur rare d'être convié à Libreville par l'ambassadeur des Etats-Unis à l'occasion de la fête nationale d'Indépendance. J'aurai la surprise, une semaine plus tard, de recevoir une édition en français de l'Histoire des Etats-Unis. Je lui en sais gré car l'ouvrage compte 700 pages.

Depuis que je ne suis plus en charge de l'Assceg (je ne voulais pas être soupçonné de conflit d'intérêt en ayant ma femme sous mes ordres), mon épouse a été nommée responsable de la bibliothèque. Le fonds est de l'ordre de 10 000 livres et comprend des ouvrages que l'on ne trouve plus dans les domaines de l'art et l'histoire. Une véritable mine.


Elle introduira la méthode de classification décimale de Dewey qui tient en 10 classes, qui sont les disciplines, 100 divisions (les sous-domaines) et 1 000 sections (subdivisions). C'est une tâche énorme qu'elle mènera à bien avec l'aide des deux employées permanentes gabonaises.




Le Centre de spécialisation professionnelle de Port-Gentil accueille au mois d'octobre 2003, la première promotion de 30 stagiaires dans les domaines de l'instrumentation, la mécanique/moteur, la tuyauterie/soudure. Il résulte de l'association de Total Gabon avec les ministères de la
Formation professionnelle, de l'Education nationale, des Hydrocarbures, du Travail et de l'emploi. Le financement est assuré par la Provision pour investissement diversifié (PID) alimentée par une partie des revenus pétroliers de l'Etat.


Le projet-pilote de culture de la spiruline - algue pluricellulaire qui croît dans les eaux saumâtres des zones tropicales - qui a démarré au mois de janvier 2003 vise à étudier une production de masse tant elle recèle de teneur en protéines, en minéraux, en oligo-éléments. Elle constitue un complément alimen-taire qui permettrait de lutter contre la malnutrition et l'anémie.

D'où l'importance de ce pilote qui, si les résultats sont validés, pourra passer à la phase technico-économique puis industrielle. Le pilote est implanté sur le site du dispensaire Sainte-Thérèse. Le séchage à l'air libre, à la fois doux et sans fermentation, nécessite des soins attentifs et permanents afin de garantir la préservation des qualités nutritionnelles. Les filaments craquants de spiruline se détachent aisément du support pour être réduits en poudre.

La communauté scientifique fonde de réels espoirs en cette cyano-bactérie pour apporter une solution aux populations mal nourries et en état de famine.

Le départ


"Il n'y a pas de consolation véritable à un départ, seulement l'intime souvenir des gens et des lieux" : c'est avec cette phrase que je conclus mon discours au moment de quitter le Gabon. Mon épouse et moi sommes émus et ravis de voir tous les employés de la filiale réunis dans les jardins du Calao. Même le personnel sur chantier qui est en récupéra-tion est présent.



Le directeur général et son épouse sont venus de Libreville,
les délégués du personnel sont attentifs à mes remerciements pour leur implication positive dans les relations sociales et les négociations abouties, les permanents et bénévoles de l'Assceg me font une haie d'honneur à la descente de l'estrade.


"Après l'Angola, pays lusophone, après le Gabon, pays francophone, nous allons rejoindre le Nigeria, pays anglophone. Nous considérons ces opportunités comme des jalons qui nous enri-chissent. Langue, traditions et coutumes sont autant de passeports pour connaître et apprécier les Autres, avec une majuscule".





Mon épouse n'est pas oubliée, qui reçoit l'hommage mérité pour sa fonction officieuse de "déléguée à l'harmonie familiale" et pour sa réputation de pâtissière puisque le petit journal de la concession a donné comme définition du couple : dictionnaire conseillé, chocolatier fameux.




Ma secrétaire nous remet le cadeau offert par la société. Elle sait que nous apprécions les bronzes
et elle sait aussi que nous avons acquis plusieurs pièces auprès de l'antiquaire de Port-Gentil.



Quelques clichés de la soirée.








































Le vendredi suivant, alors que les cartons s'entassent remplis, fermés et stockés, ouverts et plus ou moins remplis ou confectionnés et vides, ma femme prétexte une lassitude culinaire pour m'emmener dans un restaurant que je ne connais pas, dans un quartier que je ne connais pas. Après avoir cahoté
sur une route mi-latérite, mi-chaussée défoncée, nous arrivons devant une case ordinaire, sans aucun signe distinctif. Ce n'est qu'une fois la cour sablonneuse et le pas de porte franchis qu'une clameur m'accueille : toute mon équipe est là, hilare, joyeuse et fière du tour qu'elle m'a joué avec la complicité de mon épouse.
Le buffet est typique : beignets de crevettes, acras, poissons grillés, potamochère, manioc, banane plantain, brochettes de zébu... et un superbe plateau de fruits. Tout a été préparé par ma secrétaire et une de ses sœurs. Nous sommes très touchés par cette attention et aussi par ce que me dit un de mes collaborateurs : "aujourd'hui, nous perdons un papa". Ici, en Afrique, être appelé "papa", c'est être reconnu pour sa sagesse, respecté pour ses décisions.





A la fin du repas, après de nombreux toasts portés respectivement à notre future vie à Port Harcourt, au regret sincère de nous voir partir, à la carrière de mon remplaçant gabonais, au devenir que je souhaite prospère à mes collaborateurs/trices et un ban spécial décerné à mon épouse, nous sommes gratifiés de deux nattes dont la position au pied de notre lit signifie bonheur, espérance et mémoration, ainsi que d'un pagne chacun. Autant le mien correspond à ma carrure, autant celui de ma femme a été réalisé dans une mensuration plutôt avantageuse. Un couturier local se chargera de le mettre à la bonne taille.

Et c'est avec une gaieté teintée de nostalgie que nous immortalisons ce moment de pur partage.



retour à l'épisode précédent :  
Gabon - la tournée du chœur Oldarra et autres événements

à suivre épisode 30 : Nigeria - les Grands projets



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Commentaires

  1. Émouvant récit, à sa lecture, entre texte et photos, nous en percevons un profond attachement aux personnes et au lieu. Merci de nous faire partager ce parcours professionnel mais aussi ce parcours de vie si intense.
    Ce n'est pas un roman mais une réalité romanesque.

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