épisode 25 : Gabon - les sites industriels


Héliport de POG, zone de départ des relèves en mer : direction les plateformes de Torpille et Grondin, deux gisements qui ont été découverts fin des années 60, début des années soixante-dix. J'embarque dans un hélicoptère Dauphin bimoteur à turbines de six places. Son allure aérodynamique tranche avec la forme globuleuse de l'Alouette que j'avais pris en 1978 pour rallier la plateforme Emeraude au large du Congo. J'ai revêtu la combi-naison orange, chaussé les bottes de sécurité. Je sangle le gilet de sauvetage bleu obligatoire lors des transbordements en mer et coiffe le casque antibruit. Après la mise au point stationnaire, nous décollons en souplesse. Quelques mètres au ras des flots puis c'est l'envolée.

Sites de Torpille et Grondin

Régime de croisière atteint, nous volons à 1 500 pieds (environ 450 mètres). Je vois distinctement les bateaux surfers qui font la navette entre les têtes de puits et les plateformes, un câblier en position statique et quelques pirogues de pêcheurs. L'eau est très claire et je peux
suivre l'ombre ondulante des raies manta.
Nous sommes en approche de Torpille dont les super-structures apparaissent sur notre droite. La torchère à l'extrémité d'une passerelle isolée brûle le gaz résiduel.



Le H blanc de l'aire d'atterrissage se détache au centre d'un cercle vert, cible que le pilote contourne en virage penché puis en visée perpendiculaire. Une fois les produres d'atterrissage - coupure des circuits d'alimentation, immobilisation du rotor principal, ouverture de la porte droite par le respon-sable de zone -, et de débarquement accomplies, le chef de site me dirige vers l'échelle de coupée qui donne accès aux paliers inférieurs. L'équipe de nuit est juste rentrée et s'est installée en salle de loisirs. A l'ordre du jour : primes de mer, avantages sociaux, fonctionnement de l'Assceg, et pour moi règles et consignes HSE et les conséquences de la fusion avec Total.


Après une bonne heure et demie d'échanges, le chef de site me fait visiter la plateforme : "Nous sommes sur le plateau continental en mer peu profonde. La structure repose sur un jacket en acier de plusieurs milliers de tonnes posé sur des piliers fixés sur le sol marin. Elle est conçue pour absorber les mouvements telluriques ou mari-times. Au-delà de la passerelle se trouvent les utilités : compresseurs, séparateurs, modules électriques et réfrigérants. Le pétrole brut est évacué sur le terminal de Cap Lopez où il sera chargé sur les tankers".
Après le déjeuner avec le chef de site et quelques

exploitants, je reprends l'hélico pour rallier la plate-forme de Grondin. L'assistance comprend quelques expatriés. Je les rassure sur le maintien de leur représentation par des délégués car le nouveau Groupe n'envisage pas de la remettre en question après la fusion. Pour les Gabonais, je réponds aux mêmes préoccupations que leurs collègues de Torpille.
Je clos la séance à temps pour prendre la dernière rotation aérienne.









Le terminal du Cap Lopez

Le Cap Lopez est situé à la pointe occidentale de l'île Mandji, territoire où est implantée la ville de Port-Gentil.
Le terme "mandji" est le nom myéné de l'iroko. La carte ci-contre mentionne les principaux sites en mer de production de la filiale - Anguille, Torpille, Grondin - sachant que de nombreux gisements satellites gravitent dans cette zone maritime : N'Tchengué, Girelle, Barbier, Mandaros, Pageau, Baudroie. A terre, ce sont Batanga, Coucal, Avocette, Hylia, Rabi-Kounga (avec Shell), Atora.

Le terminal accueille les tankers qui viennent charger le pétrole de qualité Mandji. Ce brut subit une décote par rapport au brut de référence qu'est le Brent à cause de sa densité (plus bitumineux et contenant davantage de fioul résiduel) et de sa haute teneur en soufre.




Ma visite au terminal coïncide avec la vidange d'une des cuves d'une capacité de stockage de
30 000 m3. Ces citernes sont munies d'un toit flottant externe qui monte ou descend en fonction du volume stocké. Leur conception fait que la vapeur gazeuse ne peut pas s'accumuler et que l'évaporation est réduite au maximum. Le toit est muni s'un système de drainage qui permet l'évacuation des eaux de pluies. Précédé par le responsable HSE (Hygiène - Sécurité/Santé - Environnement) du site,
je pénètre dans l'espace confiné par la porte latérale en fer. Le cylindre est gigantesque, l'air chargé d'émanations, l'atmosphère étouffante. Les voix des ouvriers qui procèdent aux vérifications d'étanchéité et de corrosion se répercutent sur les parois métalliques. Ils portent des masques de protection filtrants. L'ingénieur HSE se veut rassurant, nous ne restons pas suffisamment longtemps pour être intoxiqués. Il me désigne les petites zones de corrosion dont la permanence pourrait conduire à l'apparition de ruptures fragiles.

Il m'invite ensuite à monter sur le toit, qui a été maintenu à sa hauteur, par l'escalier en fer placé en colimaçon sur un des côtés. Arrivé tout en haut, je domine le terminal de chargement.
A l'un des plots, un tanker est en train d'être chargé. Il jauge 300 000 tonnes alors qu'en 1957, lors de sa mise en service, des navires de 17 000 tonnes seulement s'approvisionnaient au terminal. Avec ce tonnage, il entre dans la catégorie VLCC (Very Large Crude Carrier). Je suis admis à monter à bord et suis reçu par le capitaine du navire à la timonerie d'où j'ai une vue plongeante sur le pont. Compte tenu que l'opération est à mi-chargement, il m'indique que nous nous situons à environ vingt mètres de hauteur par rapport au quai. Une fois toutes les tranches de la cale remplies,
le navire aura atteint son niveau de flottaison.

La cargaison, dont le négoce est établi selon un prix fixé à l'avance sur la base d'un contrat à long terme, est destinée à l'une des raffineries de Rotterdam. Le départ est prévu demain. La distance est de quelque 5 000 milles marins, soit plus de 9 000 km. Lorsque je l'interroge sur le nombre de jours de navigation, il me regarde un peu dubitatif... et amusé. Un tel trajet océanique est soumis de nombreux aléas où il est question d'échelle de Beaufort (vent), d'échelle Douglas (mer), d'isobares, de visibilité. Compte tenu de son expérience et de sa connaissance du par-cours, il table sur une traversée de 15 à 20 jours.

La raffinerie de la Sogara

La Société gabonaise de Raffinage est l'émanation d'une volonté de la sous-région équatoriale - qui regroupait en 1965 le Gabon, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la Centre-Afrique et le Tchad - de bâtir une raffinerie afin d'y traiter les hydrocarbures générés localement, de les stocker et les transformer, de commercialiser les produits finis (essence, lubrifiants, gazole, fioul).

Elle se trouve au Dahu, en bordure de l'Océan Atlantique. On y arrive par le boulevard Léon Mba, en laissant à droite la Compagnie forestière du Gabon (CGF), puis à gauche le zoo - initiative individuelle d'une famille pour recueillir et élever les animaux sauvages blessés par les chasseurs ou les petits "orphelins" qui lui sont apportés - et enfin passer devant le port en eau profonde, territoire de l'Oprag (Office des Ports et des Rades du Gabon). La raffinerie s'étend sur la zone qui va jusqu'à Pointe Clairette à l'ouest. La route s'incurve après vers la plage du Dahu, qui mène au club nautique de la Sogara.


Première unité de traitement : l'unité de distillation de pétrole brut. Les produits tels que l'essence et le gaz, le gazole et le kérosène, les distillats sont séparés.
Ils sont ensuite soumis aux procédés de conversion.










Le Pétrolier

Comme convenu avec la responsable Communication, nous nous retrouvons avec ma femme pour déjeuner au ...Pétrolier (!) avec les couples expatriés dernièrement arrivés dans la filiale.



En attendant le service, nous avons la visite des pélicans "maison".

Le lendemain, je clos la formation d'une promotion d'exploitants qui ont suivi un module de perfectionnement HSE.






Nous posons devant l'ancre rénovée d'un navire qui a fait naufrage dans la baie de POG peut-être au 17e siècle.

retour à l'épisode précédent :  Gabon - Mbolo' ani !

à suivre, épisode 26 : Gabon - l'impulsion


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